Mis aux arrêts en avril 2017 pour détournement de deniers publics, l’ancien directeur général du Budget puis de la Marine marchande se battrait actuellement pour un non-lieu. Bribes de vie d’un enfant gâté du 1er septennat de l’émergence à la gabonaise.
Léon Ndong Nteme, 54 ans, a recouvré la liberté le 29 juin dernier. Directeur général du Budget pendant dix mois, entre octobre 2009 et septembre 2010, puis, à l’issue d’une traversée du désert de six ans, directeur général de la Marine marchande pendant onze mois, entre mai 2016 et avril 2017, ce proche de l’ancien Premier ministre Paul Biyoghé Mba, s’en est tiré avec une «liberté provisoire», alors que ses avocats estiment qu’il devrait obtenir un non-lieu.
S’il n’était surtout question, lors de son incarcération «provisoire», que de détournement de deniers publics, il se racontait également que certaines entreprises du secteur maritime avaient été l’objet d’un ”racket” de sa part. Malgré des rappels à l’ordre de la ministre des Transports d’alors, Léon Ndong Nteme n’aurait voulu rien changer de ses méthodes. Il avait bien au contraire continué de braver l’autorité hiérarchique.
Quelques années auparavant, en juin 2011, Léon Ndong Ntem défraya la chronique pour avoir alors été victime d’un braquage à domicile par des hommes armés. Poignardé à mort, son gardien avait perdu la vie alors que le maître des lieux avait été blessé par une agression au tournevis avant d’être ligoté. Plus de 100 millions de francs CFA avaient été emportés par les gangsters. Huit mois seulement qu’il n’était plus directeur du Budget.
«Il a droit à une seconde chance», estiment certaines voix
Très amaigri selon ceux qui l’ont vu depuis sa sortie de prison, Léon Ndong Nteme est présenté par de nombreux observateurs comme un des symboles des exactions financières des années 2009-2010, et comme un personnage autrefois très influent, qui, alors que Biyoghé Mba régnait à la Primature, a brisé les carrières d’un grand nombre de hauts fonctionnaires, méprisant des membres du gouvernement, et plaçant ses amis à des postes de responsabilités. Nombreux sont ceux qui affirment que son limogeage de la direction générale du Budget en 2010 et sa longue traversée du désert ne lui avaient rien enseigné. Une fois revenu aux affaires en 2016 à la direction générale de la Marine marchande avec l’appui du ministre des Transports d’alors, peu avant l’élection présidentielle, il se glorifiait d’avoir le parapluie du «directeur de cabinet du chef de l’Etat», de l’époque, et avait repris son comportement d’antan.
D’autres voix estiment que même les personnages sulfureux ont le droit à une seconde chance, quand elles ont payé à la société le mal qu’ils lui ont fait. Léon Ndong Nteme n’a pas, disent-ils, fait plus que d’autres restés en liberté. «Il a agi comme tout le monde le faisait lors du premier septennat d’Ali Bongo, quelques acrobaties financières, et il n’était pas seul à le faire». Minimisant les faits et souhaitant sa réhabilitation, ils se disent convaincus que les deux années et trois mois passés à «Sans-Famille» l’ont certainement changé, et espèrent que «son regard sur les autres ne sera fait que d’humilité, de modestie et d’affection».