Contrairement à ce qui avait été rapporté par certains médias et relayé sur les réseaux sociaux, la destruction, jeudi dernier, de 11 000 tests rapides de dépistage du VIH était due, non à leur «défaillance» ou à leurs «anomalies», mais plutôt à une erreur de commande faite par le distributeur au Gabon de la firme américaine Abbott.
Le jeudi 11 juillet dernier, à Akournam dans la commune d’Owendo, un lot de 275 kits comprenant chacun 40 tests a été détruit par incinération, en présence des autorités, dont des représentants du ministère de la Santé. Induits en erreur par un agent de la direction du Médicament de la Pharmacie (DMP) se trouvant sur les lieux, plusieurs médias avaient rapporté que cette destruction était due tantôt aux «anomalies» tantôt aux «défaillances» que présentaient ces tests. Ce mardi 16 juillet, le ministère de la Santé et le Programme national de lutte contre les IST et le VIH/Sida (PLIST) affirment qu’il n’en est rien.
«Ces tests ont été détruits à la demande de la firme américaine Abbott après que nous l’ayons informé que les kits reçus ne correspondaient pas à la commande que nous avons faite. Si le fabricant a accepté de nous rembourser, il n’a pas accepté de reprendre les kits en raison des conditions de conservation, donc du fait que ces lots aient pu avoir subi des dommages», explique Dr Raïssa Okoyi Ndong Assapi.
Pour la patronne du PLIST, «il est donc inexact de dire que la destruction des 11 000 tests Abbott se justifiait par leur supposée mauvaise qualité. Ces tests étaient bons, même très bons pour l’utilisation en 2e intention, mais ne correspondaient pas à ce que nous attendions. Nous espérions plutôt des tests spécifiques discriminants, capables de dire, en 3e intention, si la personne dépistée déclarée séropositive est de type VIH 1 ou VIH 2. Ce que ne pouvaient déterminer les tests qui ont été détruits. Ceux-ci, comme l’indiquait la notice, pouvaient dépister les VIH 1 et le VIH 2, mais pas différencier les deux types».
VIH 1 et VIH 2, la question du coût de la prise en charge des malades
Au ministère de la Santé où l’on renvoie plutôt la faute au distributeur agréé des produits de la firme américaine, la commande pour des kits de tests discriminants répondait à une volonté de s’arrimer aux normes édictées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2017, qui préconisent que la déclaration de la séropositivité d’une personne dépistée passe par trois étapes. Les kits détruits récemment s’apparentent plutôt à ceux utilisés, notamment en Afrique du Sud, pour déterminer la séropositivité d’une personne.
Or, depuis 2017, le Gabon, qui prend intégralement en charge les malades du Sida, souhaite déterminer le type dont souffrent les patients. «Il s’agit d’adapter chaque type à la prise en charge correspondante», explique la directrice du PLIST. «Un patient atteint du VIH 1 coûte près de 8000 francs CFA à l’État gabonais, quand celui atteint du VIH 2, plus courant en Afrique de l’Ouest, coûte de 45 000 à 50 000 francs. En détruisant les lots que nous n’avons pas commandés, nous faisons des économies, en évitant de prendre en charge des personnes sans savoir exactement leur type de maladie.»