L’opposition est sortie de sa léthargie ce 10 juillet, pour exiger au gouvernement des preuves formelles et irréfutables sur les aptitudes réelles d’Ali Bongo à assumer les charges de président de la République. Si ces preuves ne sont pas produites, elle exige la déclaration de la vacance de pouvoir.
Silencieux depuis quelque temps, des partis politiques de l’Opposition gabonaise ont décidé de donner de la voix ce 10 juillet 2019. Estimant que ce silence était volontaire, Richard Moulomba Mombo de l’Arena, Alexandre Barro Chambrier du RPM et Joël Ngouenenindzengouma des 7MP, qui s’exprimaient au nom de l’Opposition, ont indiqué que ce temps leur a permis d’observer, d’écouter et de consulter, pour nourrir leur sortie.
Leur sortie était axée essentiellement sur le flou autour de l’état de santé d’Ali Bongo et surtout sur sa capacité à assumer ses charges. «Le Président Ali Bongo Ondimba est-il toujours en vie ? S’il est en vie, est-il toujours en capacité de présider aux destinées du Gabon ? S’il est en vie, est-ce vraiment lui qu’on nous présente ?», se sont-ils interrogés.
Les trois leaders affirment avoir observé que l’exécutif gabonais gave le peuple d’images montrant «maladroitement», un Ali Bongo tantôt affaibli, tantôt bien portant ; tantôt privé de son bras droit, tantôt de son bras gauche ; tantôt malvoyant, tantôt bien voyant ; tantôt trainant un pied, tantôt marchant à peu près correctement. Des images troublantes qui jettent le doute sur les aptitudes réelles du président de la République.
Taxant l’Ajev de «petit-ami» du PDG, ils dénoncent la «séquestration» de l’appareil de l’État par le directeur de Cabinet d’Ali Bongo et ses alliés. «C’est désormais le directeur de Cabinet du président de la République, l’épouse du président de la République, le Premier ministre, ainsi que plusieurs autres personnalités qui deviennent les interlocuteurs directs du peuple gabonais, pour toutes les questions auxquelles seul le président de la République est habilité à répondre». Ceci, disent-ils, «au mépris des lois, des règlements, des us et des coutumes de la République».
Effarés par le profond mutisme d’Ali Bongo sur certains scandales comme le Kévagate, le coup d’État manqué de janvier dernier, ou encore la cascade de grèves sectorielles, ils doutent désormais de tout. Car, sans réagir face à ce «désordre politique», «le président Ali Bongo, qui nous est présenté, s’est curieusement débarrassé, sans ambages, de plusieurs de ses meilleurs amis et de ses plus fidèles compagnons de la première heure». Pour eux, Ali Bongo «est manifestement enfermé dans les locaux de la présidence de la République et otage de son entourage». «Finalement, il est visiblement affaibli et ne peut donc plus exercer les devoirs de la charge de président de la République», ont-ils conclu.
Forts de ce constat, ils exigent que des «preuves formelles et irréfutables soient apportées au peuple gabonais sur les aptitudes réelles d’Ali Bongo» à gouverner le Gabon. Dans le cas contraire, «nous demandons que la vacance de pouvoir soit purement et simplement constatée».
Inquiets et convaincus que «le Gabon est à un tournant décisif de son histoire», ils interpellent tous les acteurs susceptibles de contribuer au rétablissement du fonctionnement normal de l’État. Ces partis politiques de l’Opposition appellent le Parti démocratique gabonais (PDG), le Parlement, la Cour constitutionnelle, le gouvernement, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et tous les pays amis du Gabon, notamment la France, les États-Unis et le Maroc à aider le peuple gabonais à sortir de «cette éclipse constitutionnelle».