En tournée de remobilisation de ses troupes en fin de semaine écoulée, les cadres du Parti démocratique gabonais (PDG) s’activent pour mettre le parti en ordre de bataille pour une présidentielle anticipée dont les contours se précisent jour après jour.
«L’opposition n’a jamais construit un pays», a déclaré sans sourciller Éric Dodo Bouguendza, secrétaire général du PDG lors d’une tournée de ce parti à Malinga, dans la province de la Ngounié. Il rappelle les propos de Régis Immongault qui en 2016 estimait que l’opposition n’a que «la liberté de parler». Elle «n’a pas de programme construit», avait-il dit. Si dans certains milieux l’on évoque de plus en plus «la probabilité d’une vacance de pouvoir, malgré les dernières apparitions d’Ali Bongo», le PDG prend ses dispositions pour être prêt. Car, comme l’a si bien indiqué Éric Dodo Bouguendza, il faut «être proche des populations de la Mougalaba pour préparer tout ce qui va arriver dans les années, les mois, les semaines, les jours à venir».
En effet, les blessures et les déchirures générées par des guéguerres intestines et nominations «farfelues» ont du mal à se cicatriser. Le parti veut donc se reconstruire pour exister. Éric Dodo Bouguendza l’a dit et a tout aussi reconnu, lors de son discours à Mimongo, le sentiment d’aversion qui ronge ses troupes. «Vous ne voulez pas comprendre que vous devez travailler la main dans la main. On ne vous demande pas de vous aimer, ce n’est pas obligatoire. Mais de vous accepter, ça, c’est obligatoire quand on est dans une famille», a-t-il dit.
Brice Laccruche Alihanga s’est prêté au même jeu. «Ici et là, il peut avoir des divergences. Mais, encore une fois, le linge sale ne se lave pas sur la place publique. Le linge sale se lave en famille», a-t-il dit à Franceville. «Et sur un temps limité», a déclaré le nouveau membre du Comité permanent du bureau politique et membre du bureau politique du 1er arrondissement de la commune de Franceville dans la province du Haut-Ogooué, et directeur de cabinet du président du PDG d’Ali Bongo, le distingué camarade.
Il faut croire que le temps est compté et le PDG veut se mettre en ordre de bataille. «La politique c’est une compétition. Si on dort un peu, les adversaires vont nous surprendre et quand on va se réveiller, ce sera trop tard», a dit Éric Dodo Bouguendza à Lébamba.
Ce qui explique certainement pourquoi les PDGistes ont préféré s’en prendre à l’opposition pour prêcher la cohésion au sein de leur chapelle. Ils le savent, si les militants quittent leur barque, ils iront une fois de plus gonfler les rangs de l’opposition «gagnée par les turpitudes du PDG». «L’opposition, celle-ci, je pense qu’on l’a démontré, est divisée. Je dirai même atomisée en de multiples chapelles chaque année de moins en moins grande et engluée dans des querelles», a déclaré Brice Laccruche Alihanga qui estime que si les PDGistes sont unis, le pays demeurera uni.
Face à la posture du PDG, l’opposition gabonaise demeure muette. Depuis un bon bout de temps, elle ne s’exprime plus. La Coalition pour la nouvelle République (CNR) qui s’était imposée comme force unie de l’opposition gabonaise s’est également tue. Même les factions nées d’elle se confortent dans le mutisme. Pourtant, «les occasions de parler ne manquent pas».