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Affaire Webcor : Un stimulus de 65 milliards pour Olivier N’Zahou et Francis Nkea
Publié le mercredi 26 juin 2019  |  Gabon Review
Francis
© Autre presse par DR
Francis Nkea Nzigue, ministre d`Etat chargé de l`Habitat, de l`Urbanisme et du Cadre de vie
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Jamais réalisé, un marché de 27 milliards de francs CFA amène le CCI de Paris (un tribunal international de commerce) à exiger du Gabon l’équivalent de la masse salariale mensuelle de l’Etat – 65 milliards de francs CFA environ. C’est l’affaire Webcor. On parle de corruption de personnalités gabonaises non encore identifiées et on se questionne sur l’indolence du procureur de la République, fort médiatisé sur l’affaire kévazingo, et de Francis Nkea, ministre de la Lutte contre la Corruption, auteur d’une tonitruante déclaration de guerre contre les corrompus.

Dix mois bientôt que Jean-François Ntoutoume Emane, ancien Premier ministre et ancien maire de Libreville, a été entendu à la Direction générale de la Contre-ingérence et de la Sécurité militaire, le fameux B2, dans le cadre de la sulfureuse affaire Webcor. Supposée concerner une ou deux poignées d’acteurs de premier plan, l’enquête n’est pourtant pas de l’envergure de l’attaque du World Trade center impliquant Oussama Ben Laden. Qu’y a-t-il donc de si compliqué à dénouer en vue de prouver la corruption de certaines autorités gabonaises par le Groupe Webcor, ainsi que l’avait affirmé le quotidien L’Union ?

65 milliards, la masse salariale mensuelle de l’Etat !

Littéralement un an jour pour jour, le 21 juin 2018 plus exactement, que la Cour d’arbitrage de la Chambre de Commerce Internationale (CCI) de Paris a condamné le Gabon à payer environ 65 milliards de francs CFA au Groupe Webcor. Monumentale, cette somme est l’équivalent, selon des sources dignes de foi, «de plus d’un mois de salaires de tous les agents de la Fonction publique, de l’Etat et des collectivités locales». Dans la perspective d’une telle perte pour le Gabon, on s’interroge sur le laxisme, du moins sur la lenteur du Procureur de la République sur une enquête ouverte, notamment avec la convocation de Ntoutoume Emane. Ce corps judiciaire chargé de l’action publique vient pourtant de s’illustrer dans le traitement de l’affaire Kévazingo. Il s’est visiblement endormi quant à l’affaire Webcor dont les enjeux sont autrement plus importants.

Le 3 septembre 2018, le quotidien gabonais L’Union laissait entendre que le Groupe Webcor aurait usé de corruption envers quelques autorités gabonaises. Qui sont donc celles-ci ? Qui sont ces autorités «qui ont permis à cette “fraude de cols blancs” d’être en position d’extorquer 65 milliards à la République gabonaise», interroge une source approchée à ce sujet.

Plus onéreux que le Kevagate

De nombreux Gabonais estiment que le Kevagate, estimé à une vingtaine de milliards de francs CFA en jeu, n’a été qu’une vaste fumisterie visant à écarter certaines personnalités des affaires. Pour édifier cette frange de l’opinion mais surtout pour aider son pays, Olivier N’Zahou, procureur de la République très en verve et fort médiatisé sur l’affaire kévazingo, devrait également s’illustrer sur cette affaire… si tant est qu’elle a été le lieu d’un acte de corruption. De même, le nouveau ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, de la Lutte contre la corruption et de l’Évaluation des politiques publiques dont la déclaration de guerre contre la corruption a dernièrement défrayé la chronique, a du pain sur la planche. Avec le concours du Procureur de la République, Francis Nkea Ndzigue doit maintenant prouver qu’il ne brassait pas de l’air.

A juste titre, la source plus haut citée se voulant anonyme s’interroge : «le nouveau ministre de la bonne gouvernance et lutte contre la corruption ne doit-il pas se saisir de cette affaire ? Si la compromission de certains acteurs gabonais n’est pas prouvée, l’Etat risque de perdre sa procédure arbitrale et devra effectivement payer les 65 milliards, autant d’argent qui ne sera pas utilisé pour les besoins de la population.»

Pour rappel, le 2 juin 2010, un contrat cadre de partenariat fut passé entre la commune de Libreville et le groupe Webcor portant construction et mise en gestion d’un grand marché à Libreville, sur le site des Jardins de la Peyrie. Le projet qui se chiffrait à 27 milliards de francs CFA n’est jamais sorti de terre mais 65 milliards doivent aujourd’hui être payés par le Gabon. Comment en est-on arrivé là ? Sinon, qui sont les artisans gabonais, supposément corrompus, de cette situation ? Francis Nkea et Olivier N’Zahou doivent rapidement démêler l’écheveau de l’intrigue. «C’est pas seulement la bouche !», aiment dire les Gabonais dans le cas d’espèce.
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