Le président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) voit dans la multiplication de gouvernements sous Ali Bongo une des principales raisons de l’«instabilité» actuelle. La récente formation d’un gouvernement avec moins de membres que les précédents ne lui inspire cependant pas confiance.
Alors qu’il avait espéré qu’il se retire après son aveu d’échec face à la corruption et à l’égoïsme des personnes qu’il a promues à de hautes fonctions, Alexandre Barro Chambrier n’a pas apprécié qu’Ali Bongo ait plutôt demandé au Premier ministre, le 8 juin dernier, de réduire l’effectif de son gouvernement. Dans une interview, mardi 18 juin, à l’hebdomadaire La Loupe, le président du RPM voit dans l’initiative du chef de l’Etat l’une des principales raisons ayant conduit le pays à la crise qu’il connaît depuis quelques temps. En termes de multiplication de gouvernements, le président de la République actuel aurait surclassé son prédécesseur de père, estime l’opposant.
«En dix ans, observe Alexandre Barro Chambrier, Ali Bongo a eu autant de Premiers ministres qu’Omar Bongo en 42 ans. Tout cela plonge le pays dans une grave instabilité.» Pourtant, selon le président du RPM qui lui-même a été ministre du Pétrole de 2011 à 2012, de Paul Biyoghe Mba à Julien Nkoghe Bekale, en passant par Raymond Ndong Sima et Emmanuel Issoze Ngondet, aucun de ces chefs de gouvernement n’a réussi à éviter la crise que subit actuellement le Gabon. Pour cause, explique-t-il, «depuis plusieurs années, le Gabon adopte des budgets théoriques, les emprunts affectés à d’autres fins sont détournés de leur utilisation initiale».
Disant n’attendre «aucun miracle» dix ans après l’arrivée d’Ali Bongo à la tête du pays, le leader du RPM craint que les choses ne s’empirent. «La comédie va continuer avec un gouvernement composé de femmes et d’hommes qui, pour la plupart, ont déjà fait montre de toute leur incapacité à diriger le pays vers des lendemains meilleurs, croit-il. Nous tournons en rond. Ali Bongo pense gagner du temps, tromper le peuple, mais je pense que les Gabonais sont assez conscients que ces mesures cosmétiques ne vont rien changer à la situation actuelle.»