Si le dernier conseil des ministres a notamment permis de réduire la taille du gouvernement passant de 36 à 28 ministres, il a aussi « officieusement » signé l’acte de décès de deux sociétés historiques. Ainsi, à travers la création de Trans-Urb et la fusion GOC-Sogara, le gouvernement a quasiment officialisé la fin d’une ère en enterrant sous les gravas Sogara et Sogatra, tout en soulevant un certain nombre de questions.
Créé en 1964, la société gabonaise de raffinage (SOGARA), unique raffinerie du Gabon, aura vécu un peu plus d’une cinquantaine d’années (55 ans). Accumulant les déboires depuis quelques années, la société étatique raffinait pourtant près d’un million de tonnes dans un passé pas si lointain. Avec comme objectif de tirer du pétrole le maximum de produits à haute valeur commerciale, tout en offrant aux populations des coûts de carburants relativement faibles, la Sogara aura brillamment échoué jusqu’à ce qu’elle soit victime de la voracité de sa jeune soeur: Gabon Oil Company (GOC).
En effet, cette société créée en 2011 par l’exécutif, pour assurer la commercialisation et la production de pétrole pour le compte de l’Etat gabonais, est selon plusieurs sources concordantes, à l’origine de la fermeture de la Sogara. D’ailleurs, en analysant les chiffres des deux sociétés, on se rend compte qu’en 2011 Sogara raffinait encore près d’un million de tonnes de brut, quand en 2019 elle est à moins de 780 000 tonnes de brut traité soit une baisse de plus de 200 000 tonnes.
Si le FMI avait logiquement suggéré la fermeture de cette entreprise au regard de la chute de ses chiffres, et des difficultés qu’elle rencontrait, on peut se demander si l’objectif en créant la GOC qui malgré tout affiche des performances peu reluisantes, n’était pas de liquider Sogara. De même, en créant Trans-Urb et en le dotant d’un parc de 300 bus , le gouvernement qui éprouve pourtant toutes les difficultés à assurer une gestion optimale de la Société gabonaise de transport (Sogatra), vient d’enterrer celle-ci.
En utilisant une fois de plus une « solution cosmétique » comme il sait si bien le faire, le gouvernement a encore une fois matérialisé ses difficultés à trouver des solutions sur le long terme. Car, au regard des difficultés qu’il éprouve à trouver une stratégie viable pour l’optimisation du transport urbain, la création d’une nouvelle société dont l’origine des fonds et des actionnaires restent encore un mystère, paraît incompréhensible.
Au regard de la mauvaise qualité du réseau routier, de la faible densité de la population, difficile d’imaginer une entreprise urbaine viable sur le long terme en tenant compte de l’entretien, des réparations, du coût du carburant et la concurrence des « taxis bus ». En enterrant ces deux sociétés, le gouvernement les ajoute donc à sa longue liste d’entreprises publiques qui ont subi lemême sort (Agrogabon, Sogator, Sepoga, Siaeb…).