S’il dit officiellement vouloir profiter de l’accès aux capitaux étrangers à faible coût, en annonçant son adhésion à l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique (ACA), le pays entend surtout bénéficier d’une couverture contre les risques de guerre et de troubles civils politiques et commerciaux.
18 ans après sa création, le Gabon s’apprête à adhérer à l’Agence pour l’assurance du commerce en Afrique. L’annonce a été faite, le 13 juin, à l’issue du Conseil des ministres. Selon le discours officiel, «cette adhésion permettra à notre pays de jouir de la note A de l’ACA et surtout de faire bénéficier à l’État, comme aux banques locales et au secteur privé, l’accès à des capitaux à faible coût et de grande ampleur que leur notation actuelle ne leur permettrait pas d’atteindre».
Près de trois ans après la présidentielle de 2016, beaucoup pensent que cette adhésion tardive tient également au fait que les autorités aient désormais choisi de jouer la carte de l’assurance et de la prévention. D’autant plus que les troubles ayant suivi cette élection n’ont pas amélioré l’image du Gabon auprès des investisseurs étrangers. En rejoignant les adhérents de l’ACA, Libreville espère bénéficier de sa couverture contre les risques politiques et commerciaux.
Le bouclier de l’ACA en cas de guerre ou troubles civils
Créée en 2001 grâce au Groupe de la Banque mondiale, l’ACA promet, en effet, d’«apporter une assurance du risque politique en couvrant des événements tels que l’inconvertibilité des monnaies, l’expropriation, la guerre et les troubles civils, ainsi qu’une assurance-crédit qui protège contre le non-paiement». L’assurance-risque politique, précise l’ACA, «couvre les investisseurs, importateurs et exportateurs contre l’action, l’inaction ou l’interférence gouvernementale susceptibles de déboucher sur des pertes financières». En ce sens, l’organisation se targue d’être «la seule» dans son domaine en Afrique.
Au sein de l’ACA, l’État gabonais sera actionnaire de catégorie A. Le pays devrait normalement souscrire aux actions ouvertes aux États africains pour lesquels l’acquisition minimale de 75 actions est requise pour l’adhésion. Chaque action vaut 100 000 dollars américains, soit 58,2 millions de francs CFA.