Nommé ministre de l’Économie, des Finances et des Solidarités nationales le 10 juin 2019, Roger Owono Mba est un produit des milieux de la finance gabonaise. L’ancien directeur de cabinet adjoint d’Ali Bongo a un long parcours, préalable à son entrée au gouvernement où il succède aussi bien à Jean-Marie Ogandaga, à Jean-Fidèle Otandault qu’à Denise Mekam’ne, appelés à diriger d’autres départements ministériels. Le Curriculum Vitae d’un homme discret désormais porté sous les feux de la rampe.
Dans la foulée du remaniement ministériel annoncé par Ali Bongo le 8 juin dernier, un nouveau gouvernement a été mis en place le 10 juin. Parmi les mutés, Jean-Marie Ogandaga, Jean-Fidèle Otandault et Denise Mekam’ne dont les ministères ont été synthétisés pour donner celui de l’Économie, des Finances et des Solidarités nationales. Le département échoit à Roger Owono Mba, jusqu’alors directeur de cabinet adjoint d’Ali Bongo, chef du pôle Économie, Finance et Commerce.
Respect des enseignements et des traditions
Pas très grand, l’allure et le look BCBG (bon chic bon genre) habituels des banquiers, Roger Owono Mba est, comme le philosophe Leibniz, le sprinter Carl Lewis ou le faiseur d’argent Richard Branson, né un 1er Juillet. Pour lui, c’était en 1959 à Bitam dans le nord du Gabon. Dans le zodiaque, il est Cancer, ce signe astrologique dont les natifs sont souvent généreux et optimistes. Respectant les enseignements et les traditions qui leur ont été transmis, ils sont connus pour être compréhensifs et d’une impressionnante faculté à apaiser, à consoler les âmes en peine ; des qualités qui seront sans doute utiles dans le volet Solidarités nationales de son ministère.
Aujourd’hui marié et père «d’une nombreuse famille», le natif de Bitam a obtenu son baccalauréat de série “C” au Lycée national Léon Mba de Libreville, avec une mention “Assez-bien“. Il effectue ses études supérieures à l’Université Omar Bongo (UOB) et en sort, en juin 1983, avec une Licence en Sciences économique. Il se retrouve ensuite à l’École supérieure des sciences économiques et commerciales de Cergy-Pontoise en France où il obtient, en juillet 1985, un diplôme ESSEC. Son stage de fin d’année s’effectue à la Direction financière Afrique d’Elf Aquitaine, branche Exploration production, sur le thème «Négociation des crédits à l’exportation». Son rapport porte alors sur l’élaboration d’un guide synthétique pédagogique sur le montage des Crédits acheteurs.
Un produit du secteur privé
Fort de ces premiers pas dans le secteur financier, il rentre au Gabon où il embrasse une carrière dans le secteur bancaire. De septembre 1985 à octobre 2009, il travaille pour Paribas Gabon, banque devenue BGFIBank plus tard. Au sein de cette entreprise, il gravit petit à petit les échelons, devenant, de 1985 à 1988, attaché à la direction de la Comptabilité. Les deux années suivantes, il est fondé de pouvoir, chargé de Clientèle entreprise, avant de devenir directeur de la succursale de Port Gentil de 1991 à 1994. On le retrouve ensuite comme directeur adjoint des Crédits et des Ressources (1995 – 1998), directeur du Développement commercial (1999 – 2001), directeur de la Banque commerciale (2002 – 2003). Durant les quatre années suivantes, il est directeur central de l’Exploitation avant d’être promu directeur général de BGFIBail (2003 – 2008), cumulativement avec ses fonctions dans BGFIBank SA, puis jusqu’en octobre 2009, directeur général adjoint de BGFIBank SA.
Chambre de commerce, Apip et Présidence : l’autre training
En 2009, Roger Owono Mba est nommé au poste de directeur général de l’Industrie et de la compétitivité au ministère de l’Économie, du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme. Cumulativement avec ces fonctions, il est, de juillet 2010 en janvier 2011, administrateur provisoire de la Chambre de commerce du Gabon et de l’Agence de promotion des investissements privés (Apip). Dans le cadre de la restructuration de ces deux institutions, il est notamment à l’origine de l’amélioration des délais de traitement des dossiers, passés de 60 jours auparavant à 4 jours en janvier 2011.
Le futur ministre se retrouve, de janvier 2011 à septembre 2017, à la tête de la Banque gabonaise de développement (BGD), en qualité d’administrateur directeur général. Il est ensuite signalé à la présidence de la République gabonaise, au poste indiqué plus haut de conseiller spécial du président de la République, chef du pôle Économie, finances et commerce. Il en reste là de janvier à mars 2018 lorsqu’il est promu, en avril de la même année, directeur de cabinet adjoint 2 du président de la République. Il occupe ce poste juste qu’en juillet 2018 avant de devenir le seul directeur de cabinet adjoint du président de la République. Un an plus tard, le 10 juin dernier, il fait son entrée au gouvernement.
À la tête du ministère de l’Économie, des Finances et des Solidarités nationales, l’homme devrait très vite trouver ses marques. Ce, d’autant plus qu’il est l’un des acteurs du suivi des revues trimestrielles du Fonds monétaire international (FMI) qui, en 2017, a accordé une aide financière substantielle au Gabon. Il occupe d’ailleurs au sein de cette institution de Breton Woods et de son binôme, la Banque mondiale, les «fonctions stratégiques d’administrateur». Membre du Bureau politique du Parti démocratique gabonais (PDG), il dispense des cours à l’Université Omar Bongo en management stratégique, management des ressources humaines et en finances. En tant que ministre, il devra garantir, entre autres, que «le soutien du FMI bénéficie directement à la population». Sans doute est-ce le sens desdites «Solidarités nationales».