Selon l’institution de Bretton Woods, les dépenses totales consacrées à l’éducation, à la santé ou encore à la protection sociale ne représentent que 20 % du budget total de l’Etat au Gabon.
Ce taux de 20 % est « faible par rapport aux taux des pays homologues », indique la Banque mondiale dans un récent rapport intitulé « Améliorer la qualité de la dépense publique pour favoriser une croissance inclusive », en dépit d’une hausse importante des dépenses publiques en matière de santé après la mise en place du système national d’assurance maladie en 2008.
La Banque mondiale déplore par ailleurs les variations d’une année à l’autre des montants consacrés aux budgets sociaux. Selon elle, ceux-ci ne devraient pas servir de variables budgétaires. « L’ajustement budgétaire ne devrait pas être supporté par ces catégories. Au contraire mais l’allocation octroyée aux services sociaux devrait être garantie », indique l’étude de la Banque mondiale.
Enfin, cette dernière souligne que « les taux d’exécution peuvent être faibles et dans certains secteurs, tels que la santé, ces taux ont chuté pour atteindre 70 % dans certaines catégories ».
Un message reçu cinq sur cinq par l’Exécutif gabonais, conscient depuis deux ans de la nécessité de muscler les politiques sociales au Gabon. C’est d’ailleurs l’une des priorités du nouveau gouvernement, nommé ce lundi, comme l’indique la feuille de route de la primature qui a fuité hier (lire notre article).
Sur l’augmentation du niveau des dépenses sociales, le gouvernement entend profiter des premiers effets des réformes de l’Etat et des finances publiques mises en oeuvre l’année dernière. Le train de vie de l’Etat a été réduit, les dépenses de fonctionnement ont été diminuées et les effectifs de la fonction publique sont passées sous la barre des 100 000 agents en mai dernier. Cela nous redonne des marges de manœuvre budgétaire pour augmenter les dépenses en matière sociale, indique une source au sein du ministère de l’Economie.
Mais prévient-on, il ne s’agit pas simplement d’augmenter le niveau des dépenses sociales. Il faut également s’assurer qu’elles soient optimiser. Autrement dit, qu’elles soient efficaces, qu’elles présentent un retour sur investissement significatif. « Nous voulons éviter l’effet tonneau des Danaïdes », confirme un ministre.
Sur les variations constatées d’une année à l’autre dans les montants des budgets sociaux, il est ici aussi question de les sanctuariser afin de les mettre à l’abri de la conjoncture.
Quant au taux très faible d’exécution de ces budgets, l’Exécutif gabonais vient d’y apporter une réponse. Ce lundi 10 juin et pour la première fois, à l’occasion de la nomination du nouveau gouvernement, a été annoncée la création d’un super ministère liant économie, finances et solidarités nationales.
En effet, Roger Owono Mba, son titulaire, a récupéré les portefeuilles de Jean-Marie Ogandaga, l’ex-ministre de l’Economie et des Finances nommé au Commerce et aux PME, et de Jean-Fidèle Otandault, l’ex-ministre du Budget désormais chargé de la promotion des investissements, mais également celui de Denise Mekam’ne Edzidie, épouse Taty, ex-ministre de la Santé et des Affaires sociales.
La logique ? Il s’agit de faire en sorte que le budget de l’Etat finance en priorité les dépenses sociales, qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé, des retraites, de l’assurance-maladie ou de prestations diverses, à l’instar des bourses étudiantes.
« C’est le meilleur moyen de garantir que le soutien du FMI bénéficie directement à la population », nous confiait lundi une source au sein de la présidence. C’est manifestement également un biais pour mettre en oeuvre les recommandations de la Banque mondiale.