Depuis son retour de convalescence à Rabat au Maroc, le président de la République n’a réussi à faire venir au Gabon que ses homologues africains. Ali Bongo qui semble pourtant recouvrer intégralement ses capacités physiques et son élocution ferait-il peur aux leaders occidentaux, dont aucun ne s’est encore personnellement rendu à son chevet sept mois après son AVC ?
Sept mois après son AVC survenu à Riyad en Arabie saoudite, Ali Bongo n’a pas eu d’échanges en tête-à-tête avec un seul président européen, asiatique et encore moins américain. Pourtant, le président gabonais semble aller pour le mieux, à en croire les images soigneusement sélectionnées par le palais du bord de mer et diffusées dans les médias nationaux. Depuis son retour de Rabat où il a passé quatre mois de convalescence, il n’a d’ailleurs pas cessé de recevoir des personnalités à Libreville, dont ses homologues Faure Essozimna Gnassingbe du Togo, Alassane Dramane Ouattara de Côte d’Ivoire et Macky Sall du Sénégal. Problème : ces trois chefs d’État s’étant rendus à son chevet et auxquels s’est ajouté le Tchadien Idriss Déby Itno, le mercredi 5 juin, sont tous Africains.
C’est à croire que le leader gabonais malade fait peur à ses homologues d’autres continents que l’Afrique. Sinon, comment comprendre que depuis son retour à Libreville en mars dernier aucun président autre que ceux du continent ne lui ait rendu visite jusque-là ? Si nul ne sait si des invitations officielles ont été adressées par le cabinet présidentiel aux leaders occidentaux, à l’instar d’Emmanuel Macron, l’on se rappelle toutefois que le président français avait été l’un des premiers à exprimer sa compassion à l’égard de son homologue gabonais. C’était en mars dernier, en marge du sommet One Planet Summit à Nairobi au Kenya. La vidéo de son bref échange avec le ministre délégué Franck Nguema avait fait le tour des réseaux sociaux. Emmanuel Macron disait avoir été «ému» par les images d’Ali Bongo malade. «On est avec lui», avait assuré le président français, disant s’être entretenu au téléphone avec lui plusieurs semaines plus tôt.
Ali Bongo presque entièrement rétabli et de retour au Gabon, ni Emmanuel Macron ni aucun autre président européen, asiatique ou américain ne s’est pourtant rendu à Libreville jusqu’à présent. Le chef de l’État aurait-il été lâché par ses «amis et frères» ? Ces derniers craindraient-ils d’associer leur image à ce que les détracteurs du pouvoir gabonais perçoivent comme une supercherie depuis le début du ballet diplomatique au palais présidentiel ? Au-delà des rumeurs peu crédibles de sosie ou de l’incapacité supposée d’Ali Bongo à poursuivre son mandat jusqu’en 2023, l’absence des leaders occidentaux au chevet du président gabonais n’est pas à son avantage. Celle-ci suscite des doutes et sert plutôt la cause de ceux pour qui les audiences organisées ces dernières semaines ne sont rien d’autre qu’une campagne de communication pour éviter la déclaration de la vacance du pouvoir au sommet de l’État.