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Débat sur l’Avenir du Franc CFA: Entre refonte, cessation et création d’une monnaie sous régionale
Publié le lundi 3 juin 2019  |  Agence Gabonaise de Presse
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© Autre presse par DR
Le ministre d’Etat, chargé des affaires étrangères, Régis Immongault Tatangani
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En débat, le samedi 1er juin 2019 à Libreville, les avis des économistes sur l’avenir du Franc CFA au sein de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) divergent. Pour certains, il est nécessaire de maintenir cette monnaie du fait de sa stabilité, pour d’autres, sortir du Franc CFA faciliterait le développement des Etats non sans penser à l'idée de la création d'une monnaie sous-régionale.

Les économistes du Gabon et de Paris ont débattu le samedi 1er juin dernier à Libreville sur l'actualité du F CFA au niveau des États ayant en commun ladite monnaie.

Il était question, au travers des contributions versées au débat, «d’éviter que les gens soient myopes sur le point de vue monétaire», a déclaré le ministre d’Etat en charge de l'Habitat, Régis Immongault Tatangani, modérateur de la conférence, par ailleurs fondateur de l’association Imagine-Gabon.

Le conclave de Libreville, organisé par la section «Imagine-Gabon Think-Tank» autour du thème : «Quel Avenir pour le Franc CFA dans les pays de la CEMAC ?», a permis d'éclairer la lanterne des participants qui avaient encore des positions plus ou moins enflammées sur la question de cette monnaie depuis près de deux ans.

Au sortir de ces échanges enrichissants qui ont permis aux panélistes de présenter les contours de leur position, on peut affirmer sans risque de se tromper que les gouvernants Gabonais disposent des rudiments à même de permettre au pays de s'affirmer, en prenant position.

Pour certains économistes, le Franc CFA créé en 1945, en plus d’être une monnaie surévaluée, aurait fortement participé au sous-développement de certains États de la zone Franc.

«La monnaie est comme le sang. Quand il n’y en a pas suffisamment, vous ne pouvez pas être en bonne santé. C’est le cas de nos économies. C’est pour cela que depuis des années nous n’arrivons pas à avoir des structures de production qui nous permettent de produire des biens différenciés. Avoir une monnaie nationale permet à un Etat d’orienter les crédits vers les secteurs que vous jugez prioritaires. Dans le cadre d’une monnaie commune, c’est extrêmement compliqué», a expliqué Fidèle Magouangou, Dr. en Économie mathématique et économétrie.

Une position pas partagée par Pr. Jean-Jacques Ekomié, agrégé des Facultés des sciences économiques, qui pense que la mission fondamentale d’une monnaie n’est pas de résoudre «les problèmes de la pauvreté».

«La mission fondamentale de la politique monétaire est de fournir aux agents économiques une monnaie échangeable, non-inflationniste et émise par un système banquier stable. Mais la politique monétaire n’a pas pour mission de résoudre les problèmes de la pauvreté. De ce fait, on ne doit pas attendre des effets réels et importants du franc CFA, pas plus qu’on ne doit attendre une dévaluation du franc CFA», a-t-il développé en soulignant que les problèmes monétaires doivent être résolus par les instruments monétaires. En revanche, les problèmes réels doivent être surmontés en manipulant les instruments réels.

Pour Cédric Mbeng Mezui, Economiste, analyste financier, la mise en place d’une monnaie de la Cémac devrait passer par la mise en vigueur des projets communs. «On parle de l’Afrique que nous voulons en 2063. Comment nous bâtissons? La question monétaire vient comme un instrument pour accompagner ces projets. Les débats sur l’évaluation, la dévaluation et la sortie ou pas du Franc CFA sont secondaires. Si vous avez défini le cap, le reste nous le faisons. Et donc je suis favorable à une monnaie Cémac dans le cadre du projet commun de la zone Cémac», a-t-il fait savoir.

Pr. Daniel Cohen, Agrégé des Sciences Économiques de Paris invite lui les Etats à évaluer leur attachement à la zone euro avant de se décider. Selon lui, le grand continent du 21ème siècle sera l’Afrique par sa croissance démographique.

«40 de la jeunesse du monde sera africaine d’ici les trente prochaines années. (…) Est-ce que les pays africains qui ont l’immense besoin d’investissement pourront trouver un adossement à l’Europe ? Dans ce cas, cela vaut peut-être la peine de continuer. Mais si les financements viennent d’ailleurs, alors la question de leur attachement à la zone euro se posera», a-t-il expliqué.

La conférence-débat d’une durée de plus de quatre heures s’est achevée sur une invite aux pays de la Cémac et de l’Afrique subsaharienne à s’intéresser davantage à la chaîne de valeur mondiale, car «nos économies doivent absolument se transformer», a conclu le ministre d’Etat.

Florine Angue
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