Cité par le procureur de la République de Libreville comme le principal instigateur de la disparition supposée de 353 containers de kévazingo au port d’Owendo, François Wu réfute, dans une bande audio diffusée ces dernières heures sur les réseaux sociaux, l’existence d’un quelconque trafic du bois précieux et met à mal la version officielle communiquée par les autorités judiciaires de Libreville, dont il n’épargne pas la responsabilité dans cette affaire.
Sur la même ligne de défense que Tony Serge Minko Mi Ndong, son avocat, ayant réagi une semaine plus tôt, François Wu nie être le cerveau de l’affaire des 353 conteneurs de kévazingo disparus au port d’Owendo comme l’assure Olivier N’Zahou, le procureur de la République à Libreville. Circulant en bande audio sur les réseaux sociaux depuis la matinée du 29 mai, son coup de gueule a été authentifié par de nombreuses personnes connues pour avoir été en affaires avec lui.
«Je suis un bouc émissaire !»
«Ils ont mis toutes les sales choses sur moi pour trouver un bouc émissaire pour que cette affaire devienne un vrai scandale», se défend l’homme d’affaires chinois, représentant au Gabon de 3C Transit. C’est notamment sur le site de cette société de transit qu’auraient disparu les fameux containers, selon la justice gabonaise.
Seulement, François Wu nie que des containers chargés du bois précieux aient été retrouvés sur le site occupé par sa société. «Je ne sais même pas où se trouvent ces containers. […] D’autres stocks de la SNBG de 2017 ont aussi été mélangés aux nôtres», se défend-il, accusant un certain «Tchaï». Cet individu de nationalité chinoise serait, selon lui, propriétaire de quatre containers de kévazingo dissimulés au milieu de plusieurs autres contenant de l’okoumé, dont l’exploitation et l’exportation ne sont pas interdites au Gabon.
«Les chiffres officiels sont faux !»
Lors de sa première prise de parole sur l’affaire, le procureur de la République de Libreville avait formellement allégué que 353 containers de kévazingo avaient disparu au port d’Owendo sur le site de 3C Transit. Quelques jours après Olivier N’Zahou revanait à la charge pour informer le public de la découverte de 200 d’entre eux, disséminés entre deux sites du même port. François Wu avoue ne plus rien comprendre. Pour lui, «que ce soit 352, 392 ou encore 200, tout ça c’est des faux chiffres ! Il n’y a pas un chiffre qui est exact !».
«Quand ils disent que les 353 containers disparus contenaient tous du kévazingo, c’est complètement faux. Il n’y a pas un container de kéva qui est sorti, parce que la preuve est simple : il suffirait de faire un rapport d’expertise sur les 71 containers qui se trouvent à la Sotrasgab, et ils vont comprendre que parmi les 71, il n’y a même pas un container de kéva. Ce sont des padouk, tali, etc.», assure l’entrepreneur chinois.
Par ailleurs, souligne-t-il, «les 129 containers de kévazingo, qui se trouvent selon eux à l’intérieur du port d’Owendo, appartiennent en réalité à la SNBG [Société Nationale des Bois du Gabon]. Il suffit de voir la trace de rentrée à l’OCT. 3C Transit n’a même pas un container de kéva dedans».
«Aucun container ne se trouve en Chine !»
Si RFI, citant des sources, avait affirmé que 18 des containers disparus au Gabon se trouvaient déjà en Chine, François Wu assure qu’il n’en est rien. «En ce moment, informe-t-il, la douane chinoise est en train de le vérifier, mais jusqu’à présent il n’y a même pas un morceau de kéva trouvé. Je ne vois pas comment ils peuvent raconter un grand mensonge comme ça.»
«Maganga Moussavou et Mapangou sont innocents !»
Présentés à l’opinion par la présidence de la République qui les a limogés, le 21 mai dernier, comme ceux par l’onction de qui la disparition des containers a été rendue possible, Pierre-Claver Maganga Moussavou (ex-vice-président de la République) et Guy-Bertrand Mapangou (ex-ministre des Forêts) n’auraient rien à avoir avec cette affaire.
«Le vice-président n’a jamais signé un accord à la place du grand patron. Non. Il n’a demandé que le transfert du document. Une demande, c’est qu’une demande. On aurait pu être président des États-Unis, est-ce pour ça qu’on nous l’accorderait ?» s’interroge François Wu. Il affirme d’ailleurs qu’«il n’y a pas un ministre qui a accordé [le rachat de l’ancien stock demandé par la société chinoise Gabon Yuan Sheng Negoce Limited]».
Olivier N’Zahou au banc des accusés
Se trouvant vraisemblablement hors du Gabon actuellement, François Wu doute que l’affaire de la disparition des 353 containers au port d’Owendo soit réelle. Il en veut pour preuve «les mensonges» et les non-dits qui, selon lui, accusent le procureur de la République plutôt que quelqu’un d’autre. Pour rappel, les containers disparus avaient été placés sous-main de justice.
«Les containers n’ont jamais disparu, parce que c’est avec l’accord du procureur que certains containers contenant de l’okoumé ou du tali ont été bougés. […] C’est le procureur qui avait remis la clé à l’employé du site en question [3C Transit], avec un PV de restitution qui signifiait : “vous n’avez qu’à travailler normalement en dehors des 30 containers de kéva, dont la société a reçu l’autorisation spéciale avec un PV de constatation du volume”».
Pour François Wu, «cette affaire [fait] la honte de la justice». «S’ils (le procureur et ses collaborateurs) n’ont pas fait de PV, sur quelle base parlent-ils de la quantité et des essences des bois disparus ?» s’interroge-t-il.