PolitiqueLutte contre la corruption au Gabon : En faisant preuve d’une rare fermeté dans l’affaire du Kevazingogate, Ali Bongo veut faire jurisprudence
Ce mardi 21 mai, le chef de l’Etat gabonais a sèchement limogé le vice-président et le ministre des Eaux et Forêts. C’est le sort qu’il entend désormais réserver à ceux qui s’adonneront à la corruption.
Au Gabon, c’est un minimum séisme. En tout cas une vraie rupture. Après un premier septennat gâché par la corruption de son entourage, le président gabonais semble bel et bien déterminé à ne pas rééditer ses erreurs.
Hier, dans la stupeur générale, il a donc décidé de limoger sans ménagement deux des plus hauts responsables de l’Exécutif dont l’implication dans l’affaire des 353 conteneurs disparus de kevazingo. Exit donc Pierre-Claver Maganga Moussavou et Guy-Bertrand Mapangou, deux poids lourds de la vie politique.
Ceux qui pensaient que, dans cette affaire, choquante pour l’opinion publique, seuls les lampistes, les seconds couteaux trinqueraient, en sont pour leurs frais. A leur décharge, de telles sanctions auraient été impensables, inimaginables il y a quelques années.
C’est bien le signe que les choses changent. L’opposition ne s’y est d’ailleurs pas trompée. D’habitude univoquement critique, elle a cette fois-ci applaudit à deux mains, à l’instar de Marc Ona Essangui. Les éternels grincheux, jamais satisfaits, se comptent ce matin sur les doigts de la main.
Contesté il y a encore quelques mois en raison de ses ennuis de santé, Ali Bongo a donc réussi le tour de force de faire l’unanimité. Il faut dire que ces sanctions correspondaient à la volonté, aux attentes de l’écrasante majorité des Gabonais. Elles sont aussi dans l’intérêt du président.
En effet, un nouveau scandale de corruption, s’il n’y avait pas été répondu rapidement et fermement, aurait terni l’image du Gabon et, mécaniquement, celle de son leader à l’heure où celui-ci entend véritablement tourner la page des années précédentes et écrire un nouveau chapitre, en particulier en matière de lutte contre la corruption qui suppose un comportement exemplaire de la part de son entourage et, plus largement, des élites.
En outre, et il ne s’y est pas trompé, dans cette affaire, c’est l’autorité personnelle du président, déjà testée lors de sa convalescence, qui est défiée. Ali Bongo y a répondu, sans trembler, de manière cinglante. Sans doute a-t-il voulu envoyer un signal fort. Voilà le sort réservé aux imprudents.
Une décision qui, sans nulle doute, fera jurisprudence. Hier, une page de l’Histoire récente du Gabon s’est définitivement refermée.