N’étant apparu au public, depuis son retour de convalescence au Maroc, que dans de courts reportages vidéo ne laissant pas entendre sa voix, Ali Bongo pourrait s’exprimer en public, selon des supputations crédibles, dans deux semaines tout au plus.
«Pour quelle raison le président Ali Bongo a-t-il décidé de s’exprimer publiquement, début juin, devant ses compatriotes ?», interrogeait dans sa “Case à devinette” La Lettre du Continent, le 15 mai dernier. Autrement dit, le président gabonais envisagerait une prise de parole en public. Les Gabonais ne l’avaient plus entendu, en effet, depuis le 31 décembre 2018 lorsqu’il avait livré, en moins de 3 minutes, son discours de vœux à la Nation. Signe avant-coureur de cette prise de parole en public, le 20 mai dernier à travers une vidéo le montrant en audience avec le tout nouvel ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Royaume d’Arabie Saoudite au Gabon, la voix d’Ali Bongo a de nouveau été entendue (lire « Ali Bongo prévoit de repartir à Riyad»).
En scrutant le calendrier, la devinette de La Lettre du Continent pourrait trouver une piste de réponse avec la fin du ramadan en cours. On sait d’ores et déjà que le mois du jeûne s’achèvera autour du mardi 4 juin 2019, même s’il faut pour cela qu’un croissant de lune soit observable la veille dans le ciel. Musulman pratiquant, Ali Bongo de tradition prend part à la grande prière marquant la fin du ramadan à la Mosquée Hassan II. Au terme de quoi, il se prête parfois à une brève interview ou à une petite déclaration de circonstance avant la collation souvent offerte au gotha musulman du Gabon. Première hypothèse de réponse à la devinette de La Lettre du Continent.
Autre hypothèse et opportunité pour Ali bongo de prendre la parole en public : la commémoration, le 8 juin prochain, du dixième anniversaire de la mort d’Omar Bongo. Au regard du faste avec lequel a été commémoré le 10ème anniversaire de la disparition de l’ancienne première dame du Gabon, Edith-Lucie Bongo Ondimba, avec, en sus, diverses activités remémoratrices à Libreville, l’an 10 de la mémoire post mortem d’Omar Bongo devrait normalement avoir un programme allant beaucoup plus loin qu’une simple messe d’action de grâce à la cathédrale Sainte-Marie de Libreville. L’évènement pourrait donner lieu à un recueillement officiel sur le sépulcre d’Omar Bongo à Franceville voire à une journée portes ouvertes au mausolée portant son nom. Au titre des invités de marque à cette célébration pourrait figurer, selon certaines indiscrétions, Ibrahim Boubacar Keïta, le président du Mali, annoncé à Libreville après le ramadan. L’occasion, sans doute, pour le président Ali Bongo de prononcer un petit speech pieux en mémoire de son prédécesseur de père et donc de parler en public.
Depuis son laconique discours de vœux de nouvel an, dans la soirée du réveillon de la Saint-Sylvestre 2018, Ali Bongo n’est surtout apparu au public que dans de courts reportages vidéo ne laissant pas entendre sa voix. Le 15 mai dernier, le collectif ayant lancé l’«Appel à Agir» indiquait qu’il n’accordait aucun crédit aux apparitions télévisées d’Ali Bongo ni aux audiences déjà accordées à deux chefs d’Etat étrangers : «parce qu’Ali Bongo n’est pas une image télévisuelle ; parce qu’Ali Bongo n’est pas un acteur de films muets ; parce que les Gabonais veulent voir et entendre Ali Bongo ; parce que la parole d’Ali Bongo est attendue sur des sujets […] importants.» Le président va-t-il réussir à convaincre la frange du peuple qui doute ainsi que les initiateurs de «l’Appel à agir», en prenant la parole en public à l’une des deux occasions pointant dans l’horizon proche ? Wait and see.