Libreville, Le limogeage ce mardi du vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou, et du ministre d’État, en charge des Forêts et de l’Environnement, Guy Bertrand Mapangou, pourrait être perçu comme la fin d’une longue période d’impunité.
Le président Ali Bongo Ondimba a signé ce mardi deux importants décrets. L’un met un terme aux fonctions du vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou. L’autre porte réaménagement du gouvernement et met aussi fin aux fonctions du ministre d’État, ministre des Forêts et de l’Environnement, chargé du Plan climat, Guy Bertrand Mapangou. Des actes forts si l’on en juge dans quel contexte ils interviennent et les personnalités ciblées.
De par leur timing, ces actes du chef de l’État interviennent dans un contexte marqué par une vaste enquête diligentée par la justice à la suite de la disparition le 30 avril dernier de 353 containers contenant du Kevazingo, une essence précieuse et interdite d’exploitation au Gabon, au port d’Owendo alors qu’ils étaient placés sous scellés par la justice pour besoin d’enquête.
Les premières investigations ont révélé des complicités au sommet de l’État. Allant même jusqu’à pousser le président de la République à sortir de son silence pour taper du poing sur la table. Par la voix de son porte-parole, Ali Bongo Ondimba s’était alors indigné face à ce scandale “d’une extrême gravité” et avait promis “des peines exemplaires, une fois les responsables identifiés et confondus”.
Pas besoin d’être un illuminé ou d’être dans le secret des dieux pour comprendre que des têtes allaient tomber dans cette affaire que la presse a qualifiée de “Kevazingogate”. La semaine dernière, une dizaine de responsables ont été sanctionnés. Notamment Lin Madjoupa, directeur de cabinet du ministre d’État en charge des Forêts, et Dieudonné Lewamouoh Obissa, directeur général des Douanes, qui méditent leur sort depuis lundi à la prison centrale de Libreville.
“Si les responsables, quels qu’ils soient, ont failli, ils seront durement sanctionnés. Notre bras ne tremblera pas. La corruption n’a pas sa place au Gabon”, avait indiqué Ike Ngouoni Aila Oyouomi. Par cette déclaration, il fallait comprendre que même les grosses baleines n’étaient pas épargnées.
En limogeant aujourd’hui Maganga Moussavou et Mapangou, Ali Bongo Ondimba siffle-t-il la fin d’une récréation qui n’avait que trop duré? Une situation qui, à un moment donné, a amené l’opinion à se demander si le Gabon était finalement devenu la cour du roi Petaud où chacun agissait à sa guise ou pouvait se servir dans les caisses publiques sans être inquiété?
Au grand dam du petit qui ne pouvait que regarder sans broncher au risque de se faire taper sur les doigts. Toute chose ayant un début et une fin, le ” Kevazingogate” est-il l’épilogue de cette incurie qui n’a que trop duré ?
Après leur déchéance, Mr Maganga Moussavou et Mr Mapangou qui, comme on le sait, ont fait chacun une sortie pour se dédouaner de cette scabreuse affaire et clamer leur innocence, vont-ils aussi suivre les autres au cachot? Les réponses à ces questions permettront de comprendre jusqu’où les instances compétentes peuvent aller dans la lutte contre les prévaricateurs de la fortune publique.