Dans la rocambolesque affaire de la disparition de 353 conteneurs de kevazingo saisis par la justice sur le Port d’Owendo en avril dernier, la suspension à titre conservatoire de 13 hauts fonctionnaires du ministère des Eaux et Forêts et de celui de l’Economie ne constituent que de premières sanctions. D’autres suivront, promettent de multiples sources. Jusqu’au plus haut-niveau.
« Jusqu’où peut-on aller dans le kevazingogate ? », se demande dans sa livraison du jour le quotidien institutionnel L’Union.
Alors que l’enquête judiciaire confiée au B2 progresse, que des mesures de suspension (respect de la présomption d’innocence oblige) ont été prises cette semaine contre 13 hauts fonctionnaires des ministères des Eaux et Forêts et de l’Economie, dont le directeur général des Douanes, beaucoup s’attendent désormais à des sanctions sur le terrain politique.
La porte-parole du gouvernement a prévenu jeudi à l’occasion d’un point-presse. « Les membres du gouvernement qui seraient impliqués dans cette affaire sont invités à en tirer toutes les conséquences », a déclaré Nanette Longa-Makinda.
Des propos lourds de sens qui tendent à signifier implicitement que les premières constations de l’enquête auraient mis à jour des indices révélant l’implication de certains ministres dans cette affaire. Et que ceux qui, dans ce dossier, seraient cités et, a fortiori mis en examen, devraient démissionner. Ce qui rappelle le précédent de Jean-Pierre Oyiba, contraint de quitter son poste de directeur de cabinet du président de la République suite à l’affaire des détournements de fonds au sein de la BEAC.
Dans cette affaire, c’est l’autorité de l’Etat et, avec elle, celle du président Ali Bongo, qui sont défiées. Un tel scandale de corruption, à l’heure où le Gabon est engagé dans un effort sans précédent dans son Histoire de transparence, s’il n’est pas correctement traité par les autorités, l’éclabousserait au premier chef.
C’est pourquoi, il y a fort à parier dans cette affaire du Kevazingogate que les choses iront cette fois-ci jusqu’au bout. C’est ce que nous ont confiés plusieurs ministres et quelques très proches du président. «D’autres têtes, et non des moindres, vont tomber. Il n’y aura aucune protection, aucune impunité », jure l’un d’entre-eux affirmant que le Gabon avait changé d’époque.
Lundi dernier, dans une communication vidéo relayée sur les réseaux sociaux, le porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni, avait déclaré que « la corruption n’a(vait) pas sa place au Gabon ». En attendant d’atteindre cet idéal, on peut dire que celle-ci y a de moins en moins sa place. La manière dont les autorités réagissent, avec célérité, dans cette affaire du Kevazingogate, en est la preuve.