Alors que les présidents du tribunal de Libreville et de l’Assemblée nationale leur demandent de se taire et de clore le débat sur les réelles capacités du président de la République à diriger le Gabon, les initiateurs de «l’Appel à agir» persistent et signent : ils ne se tairont pas. Bien au contraire, ils appellent Ali Bongo à Agir lui aussi, pour prouver aux Gabonais qu’il est encore en capacité de diriger. Morceaux choisis d’une déclaration qui exhale l’obstination mue par une logique implacable.
Suite aux refus des responsables d’institutions de la République de les recevoir et au rejet de leur plainte par le président du tribunal de Libreville, les initiateurs de « l’Appel à agir » estiment n’avoir plus qu’un seul interlocuteur pouvant satisfaire leur doléance : Ali Bongo Ondimba et personne d’autre. Le groupe des dix souligne qu’avec la permanence de leur «appel à agir», ils persistent dans leur rôle de citoyens et sentinelles de la République.
« En citoyens libres et responsables, nous exigeons que tout doute soit levé sur la capacité d’Ali Bongo à assumer les devoirs de sa charge. Puisque nous n’avons trouvé de réponse ni auprès des institutions de la République, ni dans les images télévisées et mises en scène orchestrées par la présidence de la République. Que cela soit dit et entendu : seul un examen médical même à l’initiative d’Ali Bongo peut clore le débat. Nous appelons Ali Bongo à Agir lui aussi, pour prouver aux Gabonais qu’il est encore en capacité de diriger. Non, mesdames et messieurs du pouvoir, le débat est loin d’être clos ! Nous ne nous tairons pas ! Tant que le doute raisonnable qui subsiste sur la capacité d’Ali Bongo à exercer la charge de sa fonction ne sera pas levé, nous ne nous tairons pas ! Bien au contraire, nous persistons ! », a assuré le 15 mai dernier, Elsa Ritchuelle Boukandou à la faveur d’une conférence de presse.
S’il admet qu’Ali Bongo est revenu au Gabon, qu’il a fait deux ou trois apparitions télévisées et qu’il a reçu Faure Gnassingbé, le collectif de l’«Appel à Agir» estime que tous ces avènements ne convainquent pas et ne le satisfont guère. Pourquoi ?« Parce qu’il y a toujours un doute en nous, comme en tous les Gabonais. Parce qu’Ali Bongo n’est pas une image télévisuelle ; parce qu’Ali Bongo n’est pas un acteur de films muets ; parce que les Gabonais veulent voir et entendre Ali Bongo ; parce que la parole d’Ali Bongo est attendue sur des sujets aussi importants que la tentative de coup d’État du 7 janvier 2019 ; la suppression des bourses universitaires pour nos enfants ; la remise en cause, par la CNSS, le paiement mensuel des pensions de retraite ; le projet de réduction masquée des salaires des agents publics.»
Disqualifiant les institutions concernant le traitement de cette question, le collectif assène : «les institutions de la République ont tout fait pour renforcer nos doutes, nous pensons finalement que seul Ali Bongo lui-même peut les dissiper en se soumettant à une expertise médicale. Oui, en décidant de se soumettre à la loi, notamment aux préconisations de l’article 13 de la Constitution et à celles de l’article 92 de la loi organique sur la Cour constitutionnelle, Ali Bongo peut clore le débat sur ses réelles capacités physiques et cognitives».
Affirmant être conscients, responsables et républicains en lançant leur appel pour le respect de la Constitution, les dix l’«Appel à Agir» refusent de jouer, en 2019, un scénario mal écrit qui n’honore pas le Gabon et dans lequel on les voudrait figurants ou spectateurs engagés. « L’Histoire du Gabon ne saurait être pour nous un médiocre film que nous regardons à la télévision. C’est notre histoire, et puisqu’elle est vécue par nous, elle doit être écrite par nous et d’abord par nous. C’est notre histoire en ce qu’elle est intimement liée à nos destins propres et à notre destinée commune en tant que peuple et en tant que nation. Le destin de chaque Gabonais dessine et façonne le destin du Gabon », a déclaré la porte-parole du groupe.
« Convaincus du poids de la fonction de président de la République et de la portée de sa dimension tribunitienne, nous invitons Ali Bongo à entendre l’appel de ses compatriotes. Nous lui demandons d’agir en toute responsabilité et dans la légalité, de la manière la plus vraie et la plus transparente qui soit. Nous lançons un appel à Ali Bongo afin qu’il vienne sur le devant de la scène, qu’il se fasse voir et entendre et qu’il discute avec le peuple gabonais », a lancé le collectif.