Lors des journées de réflexion de son parti politique, René Ndemezo’o Obiang a appelé à la modification de l’article 13 de la Constitution pour qu’en cas de vacance du pouvoir, l’intérimaire aille jusqu’au bout du mandat du président. Pour le Cercle réalités et perspectives gabonaises (CRPG), cette proposition traduit un déni de la démocratie dans lequel baignerait le premier secrétaire de Démocratie nouvelle (DN).
Le Cercle réalités et perspectives gabonaises (CRPG) n’est pas passé par quatre chemins pour rejeter la troublante proposition de la modification de l’article 13 de la Constitution avancée par René Ndemezo’o Obiang. Au cours d’une déclaration faite le 10 mai à Libreville, le CRPG a dénoncé la «vacuité des arguments en faveur de la modification de l’article 13 de notre Constitution».
Si les problèmes de santé d’Ali Bongo ont poussé plus d’un à s’exprimer sur une possible vacance de pouvoir, le premier secrétaire de Démocratie nouvelle (DN) a pour sa part examiné la question sous un autre angle. Considérant que l’organisation d’une présidentielle affecte de facto le tissu économique et social, il a, au cours des journées de réflexion de Démocratie nouvelle (DN), estimé que les élections présidentielles ne devraient avoir lieu que tous les 7 ans. Ainsi, il a proposé une révision de l’article 13 de la Constitution pour permettre à l’intérimaire d’être en place jusqu’à la fin du mandat présidentiel. «Cette proposition de modification de la Constitution est inopportune», a déclaré Thierry d’Argendieu Kombila, lisant la déclaration du CRPG, sous le regard appuyé d’Henri Mbira-Nze, Jean-Claude Quentin Ben mongaryas, Joël Patient Tchoreret Mbiamany, Simon Adolphe Evouna, Jean-Pierre Rougou et Guilou Steeve Fabrice Bitsutsu-Gielessen ; tous signataires de la déclaration.
La Constitution gabonaise prévoit qu’en cas d’indisponibilité définitive du président de la République, un intérim de 90 jours soit assuré par le président du Sénat pour l’organisation d’une élection présidentielle. Pour le CRPG, «l’intérimaire quoiqu’élu national, ne bénéficie nullement de la plénitude de la légitimité nationale pour assurer pendant deux, trois ou quatre ans la succession d’un chef d’État élu au suffrage universel direct».
Une proposition ubuesque
Pour le CRPG, cette proposition d’«intérim permanent du président du Sénat ou de l’Assemblée nationale» est une «grande confusion» via laquelle, le système politique gabonais est confondu à celui de certains pays anglo-saxons où «le président de la République est élu sous la forme d’un ticket avec son Vice-président». Le CRPG estime qu’en 1966, la Constitution a été modifiée pour permettre à Léon Mba de se présenter à l’élection présidentielle avec Albert Bernard Bongo comme Vice-président. Toutefois, a souligné Thierry d’Argendieu Kombila, «dans le contexte actuel aucune personnalité n’a la légitimité nécessaire pour achever le mandat en cas d’empêchement définitif du président de la République». À moins, dit-il, «de pouvoir formuler une demande de politique fiction qui participe à un grave déni de la démocratie». Un déni dans lequel baignerait René Ndemezo’o Obiang, lequel incite le CRPG à appeler «à la décence de la classe politique à un sens de la mesure et à sa retenue».