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Entretien avec le ministre d’Etat aux Sports: «Nous ne sommes pas contre les basketteuses ni contre qui que ce soit» (Alain-Claude Bilié-By-Nzé)
Publié le mercredi 8 mai 2019  |  Agence Gabonaise de Presse
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© Autre presse par DR
Le ministre gabonais des Sports, Alain-Claude Bilié-By-Nzé
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Non-participation de l’équipe féminine de basketball aux éliminatoires de la CAN, dissolution controversée de l’équipe nationale de football, choix du sélectionneur, financement du Fonds national pour le développement du sport, reformes et la question supposée du détournement du milliard disponible dans la ligne budgétaire du ministère des Sports pour le championnat national de football saison 2018-2019. Autant de questions soulevées au cours de cette interview accordée à notre rédaction. Lecture…

Agence Gabonaise de Presse : Le mardi 30 avril, vous avez officialisé, la non-participation de la sélection nationale féminine de basketball aux éliminatoires combinées, Afrobasket-Jeux africains Maroc 2019. Pourquoi avoir attendu tout ce temps sachant que les joueuses étaient déjà en regroupement depuis trois mois ?

Alain-Claude Bilié-By-Nzé (ministre d’Etat aux Sports) : «La décision rendue publique le 30 avril dernier ne peut pas surprendre le président fédéral (Léopold Evah : Ndlr). Pour la petite histoire, c’est par le biais de mes collaborateurs que j’ai appris que les joueuses étaient en regroupement au lycée national Léon-Mba. Le 16 avril dernier, je me suis rendu sur les lieux pour vérifier par moi-même et sur le terrain, j’ai rencontré le président. Je lui ai dit qu’il me mettait sur le fait accompli et qu’on ne fonctionnait pas de la sorte. Je lui ai également fait part des bases que nous avons fixées au ministère des Sports depuis notre arrivée il y a un an. Ayant constaté que l’équipe était déjà en pleine préparation, j’ai demandé au président fédéral un préalable, qu’il m’a garanti notamment, une demande de constitution de l’équipe en plus des lettres d’engament des quatre joueuses expatriées annoncées par le président fédéral. Au fil du temps, les conditions n’ont pas été remplies. Nous avons observé trop d’incohérences, parmi lesquelles l’absence de la capitaine Géraldine Robert qui a confirmé qu’elle ne sera pas de la partie. Et même à ce niveau, j’étais prêt à donner mon autorisation si les autres joueuses expatriées avaient confirmé leur présence. Malheureusement, seule, une a répondu favorablement. Avec le manque de compétition depuis 4 ans, ces joueuses n’ont pas le véritable niveau pour rivaliser avec les grandes nations africaines de la discipline. Je tiens à dire que nous ne sommes pas contre les basketteuses ni contre qui que ce soit, nous voulons la performance alors, les choses doivent être faites convenablement».

Sans championnat national de la catégorie, l’équipe nationale féminine de football des U-20 après un passage en mise au vert au Maroc se trouve actuellement à Marseille (France) pour prendre part à un tournoi international. N’est-ce pas là un poids deux mesures de la part du ministère des Sports ?

«(Sourire) Déjà pour leur premier match amical, cette équipe a été battue sur le score de 8-0 (Elles ont joué avec la sélection nationale du Maroc, NDLR.), je peux comprendre qu’il y ait une disparité de 2 à 1 ou 3 buts peut-être, mais, 8 - 0, c’est trop. Ce n’est pas seulement une question d’âge, mais aussi de niveau et de technique. Il vous souviendra que le ministère avait refusé à la Fégafoot le droit de constituer une équipe des U-17 pour le tournoi de l’UNIFFAC en Guinée-Équatoriale, nous avions indiqué qu’il y avait ni tournoi ni compétition. Pour répondre aux exigences de la tutelle, la Fégafoot avait organisé des tournois de présélections aussi bien pour les filles que pour les garçons. C’est à l’issue de ces tournois qu’une équipe a été constituée avec notre accord, certes l’équipe n’était pas satisfaisante, mais des présélections ont été faites. Ce n’est donc plus, une question d’un poids deux mesures. Aujourd’hui, le sport est un facteur qui participe au rayonnement d’un pays, mais les échecs permanents, les défaites multiples participent-elles au rayonnement d’un pays ? Non».

Le 27 mars, vous-avez pris la décision de dissoudre l’équipe nationale au lendemain de son élimination par le Burundi (1 - 1) à la prochaine CAN Egypte-2019. Une décision jugée impopulaire et autoritaire par la grande majorité des Gabonais au regard des réactions çà et là. D’aucuns ont même dit que vous avez outrepassé vos prérogatives car, l’équipe fanion appartient au peuple. Votre réaction ?

«Le peuple gabonais et la nation gabonaise s’expriment à travers les institution que sont le Parlement et le gouvernement. Le ministère a proposé la décision et l’a présentée en Conseil des ministres qui l’a par la suite confirmé en entérinant les mesures proposées par mon collègue et moi. Ce n’était pas une décision d’autorité prise sans concertation préalable, nous avons réuni la Fégafoot avant de la soumettre en Conseil des ministres. Cette décision visait également à créer un électrochoc pour construire une équipe bâtie sur le respect de la nation et des valeurs».

La prochaine équipe nationale, sera-t-elle avec ou sans Pierre-Emerick Aubameyang, pas du tout un exemple en matière de discipline pour certains supporters ?

«Je ne fais pas un débat de personne, je parle d’état d’esprit. Chacun de nous peut se tromper et s’améliorer. Lorsqu’il y a eu le problème de l’avion avec une prise de position forte de ma part sur la place publique, ce sont les mêmes journalistes et les mêmes réseaux sociaux dans le coup de l’émotion qui sont allés chacun de son commentaire en traitant les gens d’amateurs. Non, ce n’est pas une question d’amateur. Certains joueurs se permettent de faire un certain nombre de choses qu’ils ne se permettraient pas en club. S’ils le font, c’est parce que l’équipe nationale depuis toujours n’a pas su se montrer ferme. J’ai demandé à ce que la Fégafoot propose une charte qui donnera un certain nombre d’obligations aux joueurs sélectionnés tout en préservant leurs droits. Parmi les obligations, il y a la question de la discipline, le respect des couleurs du pays, du coach, du coéquipier du public et des autorités qui incarnent le pays».

La Fégafoot est à la recherche d’un nouveau sélectionneur et sa Commission d’examen de candidatures devra livrer ses conclusions au président fédéral, aujourd’hui ou demain au plus tard. Vous-avez laissé entendre dernièrement que le choix du futur sélectionneur des Panthères reviendrait au ministère des Sports. Cela, est-il possible sous d’autres cieux notamment la France qui nous sert de modèle dans certains domaines ?

«Je crois que mes propos ont été mal interprétés. C’est la Fégafoot qui a reçu les candidatures. À l’heure où nous parlons, l’examen des dossiers des candidatures est terminé. Et nous avons demandé à la Fégafoot de proposer au gouvernement trois noms après les examens et le dernier choix sera celui du gouvernement. Vous demandez si c’est possible sous d’autres cieux notamment en France, mais en France, c’est la Fédération de football qui paie ses techniciens et au Gabon, c’est l’Etat qui paie. En France, c’est la fédération qui paie les primes des joueurs ce qui n’est pas le cas le chez nous. Dès cet instant, permettez quand même que celui qui paie ait l’opportunité de choisir après que l’organe technique ait fait des présélections».

Vous avez impulsé une nouvelle dynamique de gestion depuis que vous êtes à la tête de ce démembrement de l’Etat, estimez-vous avoir les résultats escomptés sur le plan sportif avec les Fédérations plongées dans une léthargie totale telle que la Fédération gabonaise d’athlétisme ?

«D’abord, qui trop embrasse mal étreint. Il nous fallait d’abord comprendre ce ministère, discuter avec les fédérations, observer et commencer à décider. Plusieurs problèmes se posent, il y a des fédérations qui sont dans un dénuement total, il y a celles dont les bureaux n’existent que de nom et celles qui ne sont pas structurées. Nous avons commencé à attribuer chacune d’entre elles une adresse. Même si de manière passagère, il y a l’ANAGEIS qui a fermé le stade d’Angondjé où se trouve les bureaux des fédérations dont nous avons trouvé des adresses. Ensuite, se pose le problème de financement, c’est pourquoi nous avons décidé de tenir durant ce mois de mai une commission avec les fédérations pour regarder le mode de financement ensemble parce que nous souhaitons, c’est que chaque fédération bénéficie des ressources affectées au FNDS. Hélas, il n’y a que deux à trois disciplines qui prennent la totalité de ces fonds. Notamment le cyclisme pour la Tropicale Amissa, le Marathon du Gabon et l’équipe nationale de football. Nous souhaitons que les autres fédérations bénéficient quand même d’un accompagnement de l’Etat. En retour, nous allons demander qu’il ait un contrat d’objectif et de performance».

Au lendemain du décès de l’ancien joueur d’Akanda FC Herman Tsinga, vous avez annoncé la mise en place d’une commission médicale indépendante pour vérifier si les joueurs évoluant en D1 et D2 ont effectivement passé leurs examens. Au moment où le championnat tire bientôt à sa fin avec le début de la phase des play-offs ce 7 mai, où en est-on avec ce projet deux mois après ?

«Le ministère des Sports ne gère pas les médecins. J’ai annoncé une commission médicale, j’ai saisi ma collègue de la santé, nous sommes réunis à la fois entre membres du gouvernement, mais aussi en impliquant les collaborateurs. Ma collègue de la santé a désigné trois médecins lesquels nous ont indiqué qu’il fallait prendre un arrêté du Premier ministre. Nous avons ensuite, consulté notre collègue de la défense pour ce qui est des médecins militaires là aussi, le général Romain Tchoua est venu me voir en m’indiquant toute la procédure qu’il faut mettre en place et les équipements. C’est ce qui a pris un peu de temps. Ça prend parfois du temps et en l’occurrence ça a pris du temps, mais l’arrêté a été déjà posé sur la table du Premier ministre. Nous avons identifié des salles au Palais des Sports de Libreville où des équipements sont en train d’être installés. Il y aussi des équipements qui sont au niveau d’Angondjé, il y a toutes les personnes formées par le général Romain Tchoua qui vont être mis en contribution. Peut-être que la phase des play-offs sera trop courte afin que ces joueurs passent des examens, mais ce que nous recherchons, c’est qu’il ait effectivement des vrais contrôles ce qui nous ramène à la question de l’équipe nationale féminine de basketball où une infirmière majore faisait office de kiné. Est-ce normal ? Cette commission est une nécessité, et sera effective. Peut-être qu’on n’aura pas le temps de le faire lors des play-offs mais nous le feront peut-être avant la fin ou avant le début de la saison prochaine».

Le championnat national est financé par Gabon Oil Company à auteur d’un milliard de FCFA, en novembre 2018, vous annonciez que la même somme devait être débloquée par l’Etat. Où sont passés les 1 milliards ?

«J’avais dit que sur les lignes du ministère des Sports, il y a un milliard qui existe, et j’ai saisi mon collège du budget. Nous avons engagé la procédure qui est passée par le Budget et qui est dans les méandres du paiement. Mes collaborateurs suivent régulièrement ce dossier et à ce jour, cet argent n’est toujours pas disponible, il n’existe pas et le ministère ne l’a pas détourné contrairement à ce que disent certains présidents de club».

Pour finir, après un an passé à la tête du ministère des Sports, quels enseignements retenez-vous de ce département ?

«C’est un très beau ministère, il faut qu’il soit plus présent dans l’organisation de la pratique de tous les sports. Sport de masse, sport pour tous, le sport amateur et le sport d’élite. Mais surtout, il faut que de plus en plus, le ministère soit présent aux côtés de ceux qui pratiquent le sport au quotidien. C’est-à-dire les sportifs eux-mêmes à travers des associations et les clubs. Ce que nous souhaitons, c’est l’organisation des championnats de quartiers au moment où se jouent les compétitions d’élites. Pour que les équipes, j’allais dire identitaires soient à nouveaux présentent dans le domaine du sport. S’il n’y a pas les gens au stade, c’est parce qu’il n’y a pas de spectacle et les gens ne se reconnaissent pas en ces équipes».

Propos recueillis par Kennedy Ondo Mba
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