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Aux journées de réflexion de Démocratie nouvelle : Le double aveu de Ndemezo’o Obiang
Publié le samedi 4 mai 2019  |  Gabon Review
René
© Autre presse par DR
René Ndemezo’o Obiang, président du parti Démocratie nouvelle (DN) et Président du Conseil Economique et Social
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Si certains ont déversé des tombereaux d’injures sur le premier secrétaire de DN, il faut aller au-delà des évidences. Implicitement, l’homme a publiquement exprimé ses doutes sur la capacité du président de la République à achever son mandat.

René Ndemezo’o Obiang s’est exprimé. Au cours des journées de réflexion de son parti, il a évoqué bien des choses. Se disant préoccupé par la situation née des ennuis de santé d’Ali Bongo, il a avancé ses idées. Affirmant vouloir éviter des élections «mal organisées (…) préparées dans la hâte et la précipitation», il s’est dit favorable à la désignation d’un intérimaire jusqu’à la fin du mandat en cours. Si certains ont déversé des tombereaux d’injures sur sa personne, il faut aller au-delà des évidences. Vieux baroudeur de la vie publique nationale, le premier secrétaire de Démocratie Nouvelle (DN) est un homme politique madré. Manœuvrier hors pair, c’est un homme retors. Quand il s’exprime, c’est souvent pour envoyer des messages subliminaux. S’il propose un intérim au-delà des limites fixées par la Constitution, c’est en toute connaissance de cause. N’en déplaise à ses contempteurs, il vient de lever un lièvre.

Une solution politique librement négociée et acceptée

Si au plan juridique, la proposition de René Ndemezo’o Obiang peut prêter à sourire, au plan politique elle est lourde de sens. La loi n’étant pas rétroactive, aucune modification constitutionnelle ne peut conduire à enjamber l’article 13 de la Constitution. Les seules dispositions opposables, en cas d’intérim, sont celles en vigueur le 27 septembre 2016, date de la prestation de serment d’Ali Bongo. En d’autres termes, seul un intérim assuré par le président du Sénat, pour une période pouvant varier de 30 à 60 jours, est envisageable juridiquement. Ni le président de l’Assemblée nationale, ni le Premier ministre, surtout pas le secrétaire général de la présidence de la République ou le directeur de cabinet du président de la République ne peuvent se poser en recours. Si une révision constitutionnelle venait à décider de la réduction de la durée du mandat, viendrait-il à l’idée de quiconque de suggérer l’interruption du mandat en cours ? Nul ne peut le soutenir. On l’a vu au Sénégal : malgré le passage au quinquennat en 2001, Abdoulaye Wade était bien allé au terme de son septennat.

A moins de militer pour les bricolages juridiques, personne ne peut envisager un intérim dépassant les 60 jours. Sauf, bien entendu, si une solution politique est librement négociée puis acceptée. Ayant régulièrement exprimé leurs réserves sur le cadre juridique et institutionnel, les forces sociales peuvent très bien adhérer à une telle option.

Appliquer les dispositions juridiques sur l’empêchement définitif

Les railleries n’ont jamais contribué à élucider une pensée ou à en mesurer la portée. Le propos de René Ndemezo’o Obiang mérite d’être analysée avec froideur. Dans le fond, le Premier ministre secrétaire de DN a lancé un ballon d’essai. Partisan d’une solution politique, il a voulu ouvrir le débat. Implicitement il a éclairé d’un jour nouveau la polémique sur les réelles capacités cognitives d’Ali Bongo. Autrement dit, il a publiquement exprimé ses doutes sur la capacité du président de la République à achever son mandat. Il s’est tout autant inquiété de l’activisme de personnes ne disposant ni de la qualité ni de l’aptitude légale pour diriger le pays. Son propos est, à tout point de vue, un double aveu. Après tout, le président du Conseil économique social et environnementale (CESE) fut reçu à la présidence de la République, le 26 mars dernier. S’il parle d’intérim c’est sans doute en raison de sa propre expérience, de son ressenti et de son idée de la réalité de l’état de santé du président de la République.

Jusqu’ici, toutes les personnes ayant rencontré Ali Bongo se murent dans un mutisme éloquent. Pourquoi devrait-on faire une lecture au premier degré de la sortie de René Ndemezo’o Obiang ? Au lieu de se confondre, selon leurs intérêts, en imprécations ou admonestations, observateurs, leaders d’opinion et dirigeants d’institutions gagneraient à appliquer les dispositions juridiques sur l’empêchement définitif, particulièrement l’article 92 de la loi organique sur la Cour constitutionnelle. Faire toute la lumière sur les capacités physiques et cognitives d’Ali Bongo ? La République, la démocratie et le Gabon n’ont rien à y perdre. Bien au contraire, ils ont tout à y gagner.
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