Entre la montée en puissance du chômage qui touche une bonne frange des jeunes, la précarisation des emplois et les diverses tensions sociales découlant d’un malaise quasi généralisé des travailleurs au Gabon, la célébration de la fête du travail, bien qu’étant une exigence internationale est tout sauf, une garantie de bien-être professionnel au Gabon.
« Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin », disait Voltaire. En observant la société gabonaise en tant que système économiquement composé, on ne peut pas dire que le travail « éloigne » les citoyens gabonais de ces trois « grands maux ». En effet, avec un taux de chômage d’environ 30% de la population active dont 35% chez les jeunes, pour une population active évaluée à 690.210 individus en 2018 contre 253.840 il y a 28 ans en arrière selon les chiffres de la Banque mondiale, le Gabon enregistre depuis quelques années, en raison de la crise sectorielle du pétrole qui sévit depuis 2014, une augmentation substantielle du nombre de chômeurs due essentiellement au chômage partiel, aux licenciements pour causes économiques et à la dégradation de l’environnement des affaires, caractérisée par le dépôt de bilan de plusieurs entreprises. De nombreuses entreprises peuvent être citées en exemple. C’est le cas de Bouygues Energies et Services ou encore de Sodexo
Entre chômage forcé et manque d’emploi pour contenir la vague de nouveaux diplômés, la situation de la population active, qu’elle soit occupée ou inoccupée, est alarmante au Gabon. Faute de mieux, de nombreux jeunes diplômés s’accrochent à des petits métiers pour survivre. Cette situation explique en partie l’augmentation accrue des emplois précaires notamment au niveau du secteur privé où, ces diplômés sont sous-rémunérés. La précarisation de l’emploi, du travail est une réalité évidente au-delà de toute politique. L’existence d’un Mouvement national des chômeurs du Gabon (MNCB), nouvellement créé explique la situation de détresse dans laquelle se trouve de nombreux jeunes gabonais.
Et pourtant, malgré l’aggravation du chômage et de la précarisation des emplois (travailleurs) au Gabon, l’Etat, qui est le garant de la politique de relance de l’économie donc, de l’emploi n’a pas vraiment travaillé à inverser cette tendance. Dans le dernier rapport Doing Business de la Banque mondiale, paru en novembre 2018, sur un total de 190 économies de la planète, le Gabon perd deux places et se positionne au 169e rang mondial. Cette chute traduit le marasme économique dans lequel se trouve le Gabon, avec un environnement des affaires moins propice à l’établissement des nouvelles entreprises capables d’absorber le flux des demandeurs d’emplois. Ajouté à cela, il y a aussi le fait que malgré les annonces des pouvoirs publics pour définitivement traiter la question, les effets sont moins probants en raison du cercle vicieux qui existe autour de l’économie nationale. La célébration de la fête internationale du travail dans un tel environnement soulève un problème majeur : le travail a-t-il encore un avenir au Gabon ?