Le président de Démocratie nouvelle (DN), René Ndémezo’Obiang a annoncé, le samedi 27 avril dernier, la mise en place d’une plateforme dénommée «Convergence 2023». Une traduction de l’état d’esprit d’une classe politique qui pense déjà à la prochaine présidentielle.
En dehors des cas prévus par l’article 13 de la Constitution gabonaise, la prochaine élection présidentielle est prévue dans quatre ans. Elle devrait avoir lieu en août 2023. Pourtant, à observer bon nombre d’acteurs politiques, l’agenda 2023 se prépare dès maintenant. En effet, il ne se passe plus un jour sans que des acteurs majeurs de la scène politique montrent des signaux de préparation de la prochaine élection présidentielle.
Au lendemain de l'hospitalisation du président Ali Bongo Ondimba suite à un accident vasculaire cérébrale le 24 octobre 2018 à Riyad en Arabie Saoudite, et une longue convalescence à Rabat au Maroc, beaucoup ont caressé le rêve d’une accélération de l’agenda politique nationale. Mais les choses se sont avérées plus difficiles que prévues. Ainsi, après donc les vives polémiques sur la vacance du pouvoir, place à l’agenda 2023.
Qu’il s’agisse de Guy Nzouba Ndama, président de Les Démocrates (LD), qui a construit sa coalition démocratique de l’opposition (CDO), ou d’un Alexandre Barro Chambrier qui a commué son Rassemblement héritage et modernité en Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), et même le technocrate Raymond Ndong Sima, quasiment seul acteur politique de l’opposition à se saisir des faits majeurs de l’actualité, pour être en phase avec les populations, tous ont une seule et même idée en tête : être prêts pour la prochaine présidentielle.
Même Jean Ping autoproclamé «président élu» et décidé à faire renaître sa Coalition pour la nouvelle République (CNR), semble s’y plier.
Et être prêt signifie aussi financièrement, car la moindre élection présidentielle devrait coûter chère. Il faut aussi une bonne implantation sur le terrain à moins d’une bonne coalition ! Or, sur ce point la CNR de Jean Ping a volé en éclat au lendemain de l’élection de 2016. Et Barro qui caresse le rêve de succéder à Jean Ping et qui a pris un sérieux revers aux législatives et municipales, cherche à mieux s’implanter.
Si le propos du samedi 27 avril du président de Démocratie nouvelle (DN), qui a lancé le dimanche 28 du même mois, son attelage «Convergence 2023», semble clair, René Ndémezo’Obiang, évolue quand même dans un clair-obscur un peu osé !
Ni dans la majorité (ce qui n’est pas vrai vu que son parti a un représentant au gouvernement et lui-même est président d’institution) ni dans l’opposition radicale et favorable à une modification de la Constitution.
«En cas de vacances de pouvoir» : il souhaite donc que le titulaire de la transition finisse le mandat d’Ali Bongo Ondimba. Une posture certainement motivé par l’article 13 de la Constitution qui veut que la transition dure de 30 jours au moins à 45 jours au plus, sauf cas de force majeure. Un article qui ne dit pas tout!
Pour autant, Ndémezo’Obiang, président du Conseil économique social et environnemental, est-il en bonne posture pour évoquer une modification de la Constitution, lui qui a pris part au dialogue d’Angondjé, sauf à trahir une vérité que d’aucuns ignorent ? Ou est-il simplement dans la surenchère alors que certains lecteurs de l’échiquier politique évoquent des changements à la tête des institutions dont le CESE et pensent que René Ndémezo’Obiang n’est pas satisfait de son deal ?
Dans tous les cas, toutes ces coalitions préfigurent le jeu des alliances sur un marché politique où les enjeux et les acteurs changent de position en fonction des intérêts du moment.
Le Capo peut-il, dans ce contexte, être autre chose qu’un coalisé appelé à jouer les seconds rôles à défaut d’être un faiseur de roi ?
Au moment où d’aucuns craignent de mourir politiquement chacun y va de son calcul pour faire peser sa coalition, son argent, son entregent, sa région, ou sa communauté dans la balance politique.
Mais en attendant 2023, même si d’aucuns caressent le secret-espoir d’une présidentielle anticipée, il faut bien que les acteurs politiques, commentent, s’occupent des problèmes de la cité et des gabonais!