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FMI : interview vérité de Joël Toujas Bernate sur la fragilité de l’économie en zone CEMAC
Publié le mardi 23 avril 2019  |  Gabon Actu
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© Jeune Afrique par DR
Le Siège de la CEMAC à Bangui
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Libreville, 23 avril (Gabonactu.com) – En marge des réunions du printemps du FMI et de la Banque mondiale tenues à Washington du 10 au 14 avril 2019, Joël Toujas Bernate, sous-directeur au département Afrique du FMI, a annoncé que son institution va lancer dans les prochaines semaines une nouvelle vague de revues des programmes conclus avec 4 des 6 pays de la CEMAC, à l’issue desquelles des nouveaux décaissements sont envisagés. Dans l’interview exclusive à Gabonactu.com depuis son bureau au siège du FMI, M. Toujas Bernate dresse une situation économique moins catastrophique mais très précaire dans la CEMAC, évoque le cas du Congo et de la Guinée Equatoriale qui n’ont pas encore conclu un programme avec son institution et n’exclut pas des nouveaux programmes, si les pays en font la demande. Lecture.

Les réunions du Printemps sont terminées. Le FMI a un grand regard sur l’Afrique centrale notamment la zone CEMAC. Quelle est la situation économique de cette zone aujourd’hui ?

La situation dans la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, ndlr) s’est améliorée depuis 2 ans. Vous vous rappelez qu’en 2016 les chefs d’Etat de la CEMAC s’étaient engagés dans une stratégie régionale pour éviter une crise aiguë suite à la baisse des prix du pétrole. Au cours des deux dernières années on a pu observer une stabilisation de la situation grâce aux importants efforts réalisés par l’ensemble des pays en matière d’ajustement et de consolidation budgétaire. Ceci s’est traduit par une amélioration du contexte extérieur et des réserves régionales.

Cependant, la situation économique reste malgré tout difficile. La croissance reste plutôt atone, pas assez élevée pour créer suffisamment d’emplois pour les jeunes. Il y a donc des défis importants qui se présentent dans la CEMAC afin d’assurer une croissance assez élevée, soutenable et inclusive pour l’ensemble des pays.

Parlons en priorité des 4 pays qui sont en programme avec le FMI. Ont-ils respecté les engagements ? Il y a-t-il un meilleur élève parmi eux ?

Depuis deux ans, ces quatre pays, à savoir le Cameroun, la Centrafrique, le Gabon et le Tchad ont respecté leurs engagements. On a pu voir que les revus des programmes ont pu être achevées tous les 6 mois. Les dernières revues ont été achevées au mois de décembre 2018. Elles ont donné lieu à des nouveaux décaissements dans le cadre des programmes d’assistance financière que nous avons avec eux. Les choses se sont passées globalement comme escompté.

Nous allons avoir dans les prochaines semaines une nouvelle vague de revues et on espère que les conclusions de ces revues pourront être présentées à notre conseil d’administration d’ici fin juin ou début juillet et aboutir à des nouveaux décaissements.

Pour le cas spécifique du Gabon, il paraîtrait que la situation coince un peu du fait de l’état de santé du chef de l’Etat et de la tentative de coup d’Etat du 7 janvier 2018 ?

Ici les discussions se poursuivent. Comme je l’ai déjà dit, la dernière revue du Gabon a été conclue en décembre. Une équipe doit se rendre à Libreville dans les toutes prochaines semaines, d’ici deux semaines. Sur la base des nouvelles discussions on pourra faire une évaluation plus précise.

Qu’est-ce qui a été préconisé pour les deux autres pays de la CEMAC qui ne sont pas en


core en programme avec le FMI ?
Pour ces deux pays, nous attendons qu’ils remplissent quelques conditions afin qu’on puisse présenter des programmes à notre conseil d’administration.

Pour le Congo, nous avons besoin d’une assurance de financement permettant de croire que le pays pourra mettre sa dette publique sur une trajectoire soutenable. Les autorités nous ont indiqué qu’elles ont fait des très bons progrès avec leurs créditeurs, notamment les créditeurs officiels. Tout cela semble positif, mais cela demande d’être confirmé. Les discussions se poursuivent et nous espérons qu’elles pourront déboucher sur un programme.

Pour la Guinée Equatoriale, ce pays avait un programme de référence. La grande partie des conditions ont été remplies. Il reste une condition avant d’engager des discussions sur un programme avec financement. La condition porte sur l’adhésion du pays à l’Initiative de transparence pour les industries extractives (ITIE). Les autorités préparent ce dossier d’adhésion. Dès qu’il sera transmis au secrétariat de l’ITIE, nous pourrons envoyer une équipe pour finaliser un programme avec financement.

Dans tous ces pays, le FMI est perçu comme un mauvais gendarme qui tape sur le volet social : réduction des salaires, licenciements des fonctionnaires… Au Gabon par exemple, l’Etat durcit les conditions d’attribution des bourses. Ces mesures antisociales sont elles conforment aux politiques du FMI ?

Dans nos programmes vous pouvez constater qu’on essaye toujours de protéger les dépenses prioritaires. Il y a certes des efforts à faire en matière de consolidation budgétaire mais tout en protégeant les dépenses prioritaires dans les secteurs sociaux ou les infrastructures les plus importantes. Ensuite des discussions peuvent porter sur les autres catégories de dépenses. Cependant ce que nous recommandons c’est de faire plus d’efforts pour mobiliser plus de ressources intérieures. C’est de cette matière que les pays de la CEMAC pourront dégager des marges budgétaires pour justement faire face aux dépenses sociales prioritaires. Il y a par exemple un nombre important d’exonérations. Il y a un travail à faire pour réduire ces exonérations afin d’engranger des recettes intérieures pour mieux couvrir les dépenses prioritaires.

Pour terminer, l’on a vu que les premiers programmes ont permis de stabiliser les économies de la région mais la situation reste précaire alors que les premiers programmes s’achèvent dans moins d’un an. Est-il possible d’envisager de nouveaux programmes pour consolider les acquis ?

Les programmes en cours se poursuivent jusqu’au milieu de l’année 2020. Il y a encore un peu plus d’une année. Si les autorités de la CEMAC viennent solliciter des nouveaux programmes, nous examineront bien évidemment avec intérêt ces demandes. Nous serons prêts à y répondre favorablement car les défis sont encore importants pour créer les conditions d’une croissance plus élevée.

Propos recueillis à Washington par Yves Laurent GOMA
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