Présentée par le gouvernement comme la solution miracle pour donner un nouveau souffle au système éducatif gabonais, la réforme sur les modalités d’attribution des bourses a du mal à passer auprès des différents acteurs du secteur, qui y voit une tentative à peine voilé de tuer l’avenir des jeunes Gabonais et saccager le principe d’égalité des chances prôné par Ali Bongo Ondimba. Pis la dernière réaction du premier ministre Julien Nkoghe Bekale laisse songeur sur le sérieux de cette équipe qui unilatéralement a décidé de sacrifier l’avenir de près de 80% des apprenants.
Malgré la suppression sur le compte officiel de la primature, l’opinion a découvert médusée la réaction du chef du gouvernement concernant la réforme sur les critères d’attribution des bourses qui martelait que « l’Etat et le gouvernement ne ménageront aucun effort pour attribuer les bourses à nos étudiants brillants, mais nous n’allons pas encourager la médiocrité ». Une affirmation qui n’a pas manqué de susciter des réactions au sein de l’opinion nationale.
Pour l’ancien ministre et avocat Fabien Méré, cette réaction du gouvernement n’est ni plus ni moins qu’une « une injure collective adressée aussi bien aux apprenants qu’à leurs parents », car selon lui, il s’agit bien d’un jugement a priori et non a posteriori. « Autrement dit, tous ceux qui feront des études supérieures en n’ayant pas satisfait aux conditions sus évoquées seront des médiocres! Vous auriez beau avoir obtenu votre bac, réussi vos diplômes post bac, aux yeux de ces Messieurs – dames de ce pseudo gouvernement, vous serez à jamais des médiocres ! », a-t-il relevé.
Au nombre des réactions enregistrées concernant cette réforme, l’analyste économique Mays Mouissi a estimé que « si l’attribution de la bourse au mérite peut valablement se défendre pour son caractère vertueux, l’exclusion de certains étudiants gabonais du bénéfice de la bourse nationale uniquement en raison de leur âge paraît inadaptée, inéquitable et en déphasage avec les réalités sociologiques du Gabon ».
Pour certains acteurs de l’éducation, la position adoptée par le gouvernement n’est qu’un faux fuyant et est une interprétation erronée des Etat généraux de l’éducation de la recherche et de l’adéquation formation-emploi en 2010. En effet, les conclusions de cette rencontre prévoyaient des actions préalables afin de donner un nouveau souffle au système éducatif. Cela passait entre autres exemples par le renforcement des capacités d’accueil au secondaire avec la construction de nouveaux infrastructures et l’acquisition de nouveaux équipements, la suppression du concours d’entrée en 6ème, atteindre un ratio de 35 élèves par classe, parvenir à un meilleur taux d’achèvement d’études ou encore atteindre un taux de réussite au BEPC et au baccalaureat de 80% à l’horizon 2020.