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Bourses d’études : Les craintes de Dieudonné Minlama
Publié le mercredi 10 avril 2019  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Pour Dieudonné Minlama Mintogo le salut du Gabon passe inéluctablement par un dialogue inclusif et sans tabou
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La décision du gouvernement de durcir les conditions d’attribution des bourses a provoqué le courroux des élèves, qui initient des marches sporadiques à travers le pays depuis deux jours. Leader de la société civile, Dieudonné Minlama invite le gouvernement à revoir sa copie, au risque que la colère des élèves ouvre la voie à un «chaos généralisé».

Gabonreview : Quel est votre regard sur la colère des élèves suite à la réforme sur les bourses ?

Dieudonné Minlama : Il y a quelques jours, j’ai attiré l’attention de l’opinion nationale sur le durcissement des mesures d’austérité prises par le gouvernement. Nous avons condamné ces mesures, car nous avons estimé qu’elles ont été prises sans une étude réelle préalable, à même d’en mesurer l’impact social, économique, politique et sur le vivre ensemble. J’avais alerté que ces mesures vont renforcer la fracture sociale, l’instabilité et l’état de pauvreté des populations. Parmi ces mesures, il y en a qui concerne les élèves avec le renforcement des conditions d’attribution des bourses. Résultats des courses, les élèves manifestent dans la rue. L’on dit souvent que chacun récolte ce qu’il a semé et cette situation regrettable en est la parfaite illustration. Le gouvernement veut l’excellence avec le 12 de moyenne au bac à 19 ans, pour l’obtention de la bourse. Mais en amont, ce gouvernement aurait dû semer les graines de l’excellence avant d’en prétendre récolter les fruits. Notre système éducatif est-il excellent ? Nous disons non !

Nous avons des problèmes d’infrastructures, ressources humaines, financières et matérielles. Nous avons des lycées qui fonctionnent sans enseignants, des salles de classe avec plus de 100 élèves, un déficit criard en établissements d’enseignement secondaire, l’absence de transport scolaire ou internats, les grèves à répétition des enseignants chaque année occasionnant les interruptions des cours…comment un système éducatif aussi médiocre peut-il présenter des résultats excellents ? Avant d’exiger l’excellence, le gouvernement aurait préalablement gagné à ériger un système éducatif qui s’y prête. L’on ne se lève pas un matin en exigeant l’excellence alors que l’on n’en a pas ensemencé les graines. La conséquence est ce que nous observons depuis deux jours avec la colère des élèves. Car notre système éducatif actuel ne permet pas d’arriver en Terminale avant l’âge de 19 ans.

En janvier dernier, j’ai milité pour l’organisation d’un débat national réellement inclusif, pour discuter des questions fondamentales comme l’éducation. Je regrette que le Premier ministre voie en cette proposition, une occasion de simplement distribuer les postes. Aujourd’hui, nous sommes face aux jeunes gabonais dont les pancartes exhibées durant leur mouvement disent en substance qu’ils ne sont pas responsables de notre incompétence, les détournements massifs des deniers publics, la gabegie financière… ils sont justes des victimes. Je continue de penser que la crise de l’éducation est une crise parmi tant d’autres. Que se passera-t-il lorsque les salaires des fonctionnaires seront réduits, ou une partie de la main-d’œuvre non permanente mise sur la touche ? Cela va renforcer la contestation et ouvrir une ère d’instabilité et d’insécurité pour notre pays.

Face à la position tranchée du gouvernement sur cette question, s’achemine-t-on vers un chaos dans l’éducation ?

Nous nous acheminons vers le chaos généralisé. Car il n’y a pas seulement que l’éducation. Lorsque vous licenciez un parent, vous affaiblissez l’éducation. Comme beaucoup, j’estime que cette question sur les bourses n’est pas la solution, car elle affaiblit notre système éducatif déjà moribond. Il faut plutôt y injecter davantage de moyens et surtout, une bonne gestion. Combien d’écoles sont sorties de terre depuis 2009 ? Combien d’enseignants ont été formés et intégrés à la Fonction publique ? Quels types d’éducation et formation souhaitons-nous ? Autant de questions sur lesquelles le gouvernement doit se pencher de manière sérieuse et urgente. Encore une fois, nous pensons que ce n’est pas en réduisant les investissements dans l’éducation que le gouvernement réalisera des économies. Et je reste convaincu que le principal problème du Gabon est le détournement des deniers publics et la mal gouvernance. Je vais d’ailleurs paraphraser Omar Bongo, qui disait que si chaque franc programmé pour l’éducation avait réellement été utilisé à cet effet, nous aurions le meilleur système éducatif d’Afrique.

Par ailleurs, le gouvernement n’a donné aucune indication sur l’utilisation des économies engrangées par ses différentes mesures d’austérité. Encore moins, le temps que dureront lesdites mesures. Il y a mieux à faire et nous pensons que le gouvernement doit mettre en place une politique de bonne gouvernance. C’est peut-être l’occasion de savoir à quel niveau se situe l’opération «Mamba», par exemple. Ou encore, que deviennent les dernières recommandations de la Cour des comptes ? Le gouvernement se doit de nous fournir un plan détaillé à même de mettre fin à la mal gouvernance. C’est le plus important.

Que proposez-vous dans l’urgence pour ramener la sérénité dans le secteur éducation ?

Il faut automatiquement annuler ces mesures d’austérité, dont celle en rapport avec les bourses. C’est clair comme de l’eau de roche. Si nous ne le faisons pas, je ne vois pas ce qui pourra arrêter cette contestation des élèves sur l’ensemble du territoire national. Il n’y a plus de bourses, la fonction publique ne recrute plus… où se trouve l’espoir dans ce pays ? Quelle Nation s’est développée sans un système éducatif performant ? L’éducation est la base de tout développement !
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