Bien que déchu du Rassemblement héritage et modernité (RHM) depuis son entrée au gouvernement d’Ali Bongo, Michel Menga a pris part à l’ouverture du premier congrès ordinaire de ce parti. Il ne semble cependant pas toujours avoir reconquis les cœurs de ses frères d’armes à qui il reproche d’agir comme les PDGistes.
La présence de Michel Menga à l’ouverture du congrès extraordinaire du Rassemblement héritage et modernité (RHM) le 5 avril, a suscité bien d’interrogations d’autant plus que depuis son entrée au gouvernement, il a été renié par sa famille politique. Assis aux premières loges sur les rangs réservés au Conseil des sages du RHM, d’aucuns ont cru que sa présence était synonyme de réunification de ce parti. Il n’en était rien.
En effet, lors de son discours d’ouverture, le président du RHM, Alexandre Barro Chambrier, qui a annoncé la restructuration de ce parti de l’opposition, a donné le ton. Il devrait désormais faire avec «des responsables dévoués à la cause du parti, proches des préoccupations des populations et fermes dans leurs convictions». Sous les applaudissements d’une foule excitée par son discours et certaine de ce qu’il s’adressait à Michel Menga qui tant bien que mal est resté assis jusqu’à la fin de ce discours dont il a été entre autres la cible, Barro Chambrier a enfoncé le clou. «Nous devons laisser les opportunistes, les impatients et les compagnons de route, ceux qui ont peur et veulent protéger leurs intérêts matériels, suivre leur chemin», a-t-il lancé.
Pour Barro Chambrier, il n’est pas question de s’allier à un «pouvoir, en manque de légitimité», «frileux et autoritaire qui estime n’avoir de compte à rendre à personne». Un pouvoir tributaire d’une «mauvaise gouvernance fondée sur le déni des réalités, le mensonge et l’incompétence». Un pouvoir auquel appartient Michel Menga depuis mai 2018. Ce qui lui a valu une exclusion qu’il n’a jamais acceptée puisqu’étant cofondateur du RHM. C’est d’ailleurs en tant que tel qu’il a lui-même entrepris de prendre part au premier congrès extraordinaire de ce parti.
«Jusqu’à preuve du contraire, je suis membre fondateur d’Héritage et modernité et personne ne peut l’enlever. Je dois être là quand le congrès se tient, c’est tout», a-t-il confié après avoir quitté la salle du congrès avant la fin de la première journée. S’il est pour la réorganisation du parti, il ne regrette pas d’appartenir à ce pouvoir décrié par sa famille politique. «Je suis ministre du gouvernement, je l’ai choisi en mon âme et conscience et je l’assume», a-t-il dit indiquant tout aussi qu’il assume son appartenance au RHM. Michel Menga dit être entré au gouvernement pour le Gabon et compare les partis politiques à des habits que l’on peut enlever quand ils ne plaisent plus.
Il est d’ailleurs certain d’une chose : le développement du Gabon ne passera pas par une appartenance à un parti politique. Dans ce cadre, il a assuré être entré au gouvernement pour apporter sa «modeste» contribution au bien-être du peuple. «Voilà pourquoi je travaille au gouvernement, ce n’est pas pour autre chose», a-t-il appuyé taxant sa famille politique d’unanimiste. «Nous nous battons pour la démocratie, pour la diversité. L’unanimisme n’a pas de place dans des partis politiques qui se disent démocratiques. La lutte des idées est naturelle», a-t-il soutenu.
«Je n’ai pas la prétention d’avoir les capacités pour juger les gens et j’attends que les gens ne me jugent parce que s’ils me jugent, ils font exactement ce que nous n’avons pas voulu», a exprimé Michel Menga qui aurait voulu que ses frères d’armes respectent ses idées. «Nous avons été exclus du parti démocratique gabonais (PDG) parce qu’on a dit non. Mais, c’est la même chose. Où est la différence ?», a-t-il poursuivi estimant que Barro Chambrier et les autres se comportent vis-à-vis de lui comme le PDG vis-à-vis d’eux lorsqu’ils avaient créé le courant Héritage et modernité. D’aucuns s’interrogent un peu plus sur son avenir politique.