Attendus pour prendre part, ce 23 mai 2014 à Libreville, au sommet extraordinaire des chefs d’États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), certains présidents des pays membres de cette organisation sous-régionale auraient choisi de se faire représenter par leurs ministres. Une posture qui, selon des sources diplomatiques, viserait à manifester leur désapprobation du jumelage de cette rencontre avec le New York Forum Africa. Résultats des courses : le sommet a été reporté.
La rencontre des chefs d’États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) annoncée pour ce 23 mai 2014 en marge de la troisième édition du New York Forum Africa, organisé par Richard Attias, a failli se transformer en «sommet extraordinaire des ministres de la Cémac», du fait de la présence prédominante des ministres en lieu et place de certains chefs d’Etat concernés.
«En dehors de la Centrafrique qui a confirmé la participation de sa présidente de transition, Catherine Samba-Panza, les autres présidents annoncés ont préféré envoyer les ministres. Il paraît qu’Attias et Ali sont dans une colère noire mais ils ne veulent pas communiquer sur ce camouflet», indique une source concernée par l’organisation du sommet. Le cas échéant, les deux personnalités précitées n’auraient pas vraiment tort, puisque ceux qui s’opposent à la tenue du raout de richard Attias se réjouissent de cette rumeur qui parcourt la capitale gabonaise. Et ils interprètent le fait en leur faveur. «Nous ne sommes pas seuls dans notre lutte contre cette rencontre d’amis qui se contrefichent de la pauvreté dans laquelle le peuple gabonais est enfoncé. Ce refus annoncé des chefs de l’État de la Cemac est une victoire pour nous et également un appel à poursuivre notre lutte pour la libération du Gabon des Bongos-PDG», se réjouit James O., militant du Front des indignés du Gabon.
Attendus notamment pour discuter et s’accorder sur l’opérationnalisation du fonds dénommé «Train my generation» pour l’employabilité des jeunes de la sous-région, l’absence de ces chefs d’État pourrait affecter ce projet cher au président Ali Bongo Ondimba, adopté au terme des travaux de la deuxième édition du NYFA, en juin 2013. «Des solutions appropriées quant aux modalités de bouclage du financement de ce fonds doivent être trouvées afin qu’il puisse remplir ses missions, de façon à jouer le rôle qui lui est assigné», indiquait en effet Rosario Mbasogo Kung Nguidang, la vice-présidente de la commission de la Cemac, faisant savoir que des choix et des orientations stratégiques devaient être adoptés au cours du sommet des Chefs d’État.
Dans l’après-midi du 22 mai, alors que le Porte-parole de la présidence gabonaise, Alain-Claude Bille By Nzé, avait glosé un peu avant sur la tenue de ce sommet, une annonce est intervenue indiquant, sans plus de précisions, que la rencontre des chefs d’Etat n’aura plus lieu. Des sources concordantes expliquent que pour les travaux des ministres concernés devant préparer le sommet des chefs d’Etat de la sous-région, de nombreuses délégations ont été offusquées de ce qu’à l’aéroport de Libreville, le protocole était plutôt bâclé et ne se préoccupait que des invités du New York Forum Africa. De même, la plupart des hôtels de Libreville d’un standing digne de recevoir des diplomates étaient réservés aux invités de l’évènement de Richard Attias. Les délégations en provenance des pays de la Cemac pour le sommet des chefs d’Etat se seraient retrouvés à errer dans des halls d’hôtel ou à rechercher des établissements hôtelier de seconde catégorie. Une situation qui aurait exaspéré les délégués et nombreux d’entre eux ont décidé de repartir dans leurs pays.
Selon d’autres sources, quelques chefs d’Etat n’apprécient que très mal le jumelage de leur sommet sous-régional avec le raout de Richard Attias. «Certains présidents ont refusé qu’ils soient comptabilisés pour donner une certaine caution au New York Forum Africa. Ils ont refusé de servir de faire-valoir à un évènement dont ils ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants», soutient un haut fonctionnaire du ministère gabonais des Affaires étrangères.
Si les officiels se montrent avares d’explications sur le report du sommet extraordinaire des chefs d’État de la zone Cemac, une chose est sûre : la rencontre a été annulée un jour avant sa tenue programmée. La Cemac comprend le Gabon, le Cameroun, le Congo, la Guinée équatoriale, le Tchad et la République centrafricaine.
