Vrai, le Porte-parole du gouvernement ne doit pas s’expliquer sur tout. Mais, lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles que les nouvelles modalités d’attribution des bourses d’études, le retour de la fonction de Haut-Commissaire à un moment où l’on évoque la réduction du train de vie de l’Etat ou la baisse des rémunérations des hauts fonctionnaires, on attend d’un Porte-parole du gouvernement une explicitation des mesures annoncées. Or, Nanette Longa se fait discrète… Il lui manque le sens de l’anticipation !
Anticipation, action (et non réaction), exercice d’explication et de sensibilisation. Trois aptitudes qui participent d’un bon timing de la communication institutionnelle, mais qui semblent manquer à l’actuelle titulaire du poste de porte-voix du gouvernement. Ce qui n’est, hélas, pas un avantage quand il faut, comme actuellement, fluidifier la parole de l’équipe gouvernementale.
Nommée depuis bientôt trois mois à cette responsabilité aussi sensible que délicate, Nanette Longa a visiblement du mal à… communiquer. On ne l’a vu anticiper la réaction de l’opinion à aucun moment. Ni lors de l’annonce de la très controversée dissolution du Conseil gabonais des chargeurs (CGC) par exemple, qui ne méritait pas, aux yeux de l’opinion, le choix opéré par le gouvernement, ni lors de l’annonce, le 29 mars dernier par le gouvernement, des «mesures d’austérité» controversées par l’opinion, à savoir la baisse des salaires considérés comme élevés, la création d’un haut-commissariat à la présidence de la République chargé de l’Environnement et du Cadre de vie, et surtout la révision des critères d’attribution des bourses d’études. Que faut-il donc pour sortir ”Madame le Porte-parole” de son cocon ?
Savoir anticiper…
Pourtant, sachant que de telles mesures sont généralement «mal perçues» par les Gabonais, le gouvernement aurait gagné à anticiper la colère d’abord sourde, puis ambiante, qui monte des tripes du peuple. Il n’a pas su le faire. Le Porte-parole du gouvernement préférant se limiter, sur l’ensemble de ces annonces fortes, à la simple lecture du communiqué final du Conseil des ministres, au lieu d’ajouter, après coup, des séances d’explication sectorielle qui permettraient d’éviter des grognements assourdissants. Pourquoi le porte-voix du gouvernement évite-t-elle d’expliquer dans le détail chacune de ces situations ? Il lui est pourtant loisible d’organiser, comme l’un de ses prédécesseurs ou l’un de ses homologues d’une autre institution, des conférences de presse explicatives, didactiques.
Pendant ce temps, les acteurs de la vie associative, les fédérations de parents d’élèves, les confédérations syndicales montent au créneau et exigent – souvent avec émotion, parfois avec une colère à peine contenue – l’annulation de ces mesures. Auraient-elles été mieux expliquées, qu’elles connaîtraient peut-être un meilleur sort de la part de ces leaders d’opinion. S’il n’est pas toujours utile de communiquer sur tout et sur peu, il faut avoir l’intuition comme boussole. Car, parfois, on le sait, la communication peut se distinguer par son action exclusivement civique… La communication gouvernementale ne devrait donc pas ramer quand ça bouillonne dans l’opinion.