Si certains espéraient de lui qu’il propose de nouvelles solutions pour sortir de la crise politique s’étant exacerbée depuis les ennuis de santé d’Ali Bongo, dans son adresse aux Gabonais, le week-end écoulé, l’ancien candidat à la présidentielle de 2016 n’a pas fait mieux que lors de ses précédentes sorties. Il s’est contenté de répéter les rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux sur la vacance de la présidence de la République.
Prononcé, samedi 30 mars, le «discours à la nation» du leader de la Coalition pour la nouvelle République (CNR) n’a pas véritablement satisfait les attentes des partisans de l’aile dure de l’opposition. Sans rien ajouter aux sorties précédentes, l’ancien candidat à la présidentielle de 2016 a choisi de s’étendre sur une des nombreuses rumeurs diffusées sur les réseaux sociaux depuis la fin des législatives : le transfert des pouvoirs du président de la République à Faustin Boukoubi. Rien moins que ça.
À en croire Jean Ping, une énième révision de la Constitution serait actuellement en projet, qui viserait à transférer le pouvoir au président de l’Assemblée nationale plutôt qu’à la présidente du Sénat au cas où serait constatée la vacance du pouvoir au sommet de l’État. Convaincu de ce que cette rumeur est fondée, l’ancien candidat à la présidentielle d’août 2016, crie à la «déstabilisation des institutions de notre pays» et prévient : «Cette nouvelle tricherie inadmissible ne résoudra en rien la crise dramatique que traverse le Gabon. Elle ne fera que l’exacerber. Et nous continuerons à déployer toutes nos forces pour nous opposer à tout projet qui bafoue la souveraineté du peuple gabonais.»
Reprendre le vote annulé en 2016
Si Jean Ping semble croire tout ce qu’il se raconte sur les réseaux sociaux et se susurre dans les salons feutrés de la capitale, plus de deux ans après la dernière présidentielle qu’il assure avoir remportée, le leader de la CNR semble également croire qu’il est encore possible de revenir sur cette élection. À défaut d’exiger que les voix soient à nouveau comptées, l’ancien challenger d’Ali Bongo appelle à reprendre le vote annulé en 2016 dans 21 bureaux du 2e arrondissement de Libreville. De même, disant tenir au respect de la loi, il souhaite que soient confrontés, «bureau de vote par bureau de vote», les procès-verbaux de la province du Haut-Ogooué, où le candidat du PDG l’avait emporté par un score soviétique.
Pour beaucoup, cette dernière sortie de Jean Ping n’a rien apporté au débat actuel. L’opposant leur semble désormais incapable de proposer d’autres solutions pour sortir de la crise politique s’étant exacerbée depuis les ennuis de santé d’Ali Bongo. Ce qui pourrait justifier que la plupart de ses compagnons de 2016 se soient peu à peu détournés de lui, l’image de Guy Nzouba Ndama, le président des Démocrates, qui a récemment créé sa coalition, la Coalition démocratique de l’opposition (CDO).