L’ancien Premier ministre gabonais Raymond Ndong Sima a proposé lors de sa communication tenue le samedi 30 mars à la chambre de commerce de Libreville, de privilégier la mise à la retraite, plutôt que de geler les embauches dans la fonction publique, comme l’avait récemment annoncé le gouvernement, en vue de réduire les dépenses allouées au payement des salaires des agents publics , a rapporté l’AGP.
«La somme que nous affectons aux dépenses des salaires ne sont pas raisonnables, cela relève de la mauvaise gestion. Il faut qu’on abandonne le gel des embauches dans la fonction publique, pour privilégier la mise à la retraite des gens, qui ont déjà un temps de travail et de cotisation suffisamment long, parce que pour moi c’ est une question de solidarité entre les générations, c’est une question de justice sociale et c’est une question qui sera en terme de masse d’économie à dégager, beaucoup plus efficace, que le gel des embauches», a proposé Raymong Ndong Sima, expliquant par la suite que ces départs à la retraite pourront libérer des postes qui feront l’objet de concours administratifs sur la base de besoins réellement identifiés dans les administrations.
Prenant l’exemple des secteurs de l’éducation et la santé, où il existe un réel manque de personnel, il affirmé que la mesure prise par le gouvernement est un frein, car elle ne permettra pas de régler le déficit du personnel, et ce, malgré les multiples demandes formulées par les professionnels de ces secteurs.
Dans le même contexte, il a donné son opinion sur la décision annoncée par le gouvernement au sortir du conseil des ministres, tenu le vendredi 29 mars 2019, sur la réduction de 50% de la main d’œuvre non permanente. Selon lui, il faudrait mettre un terme avec les contrats de prestataires de service, souvent plus couteux que le personnel de service déjà en place dans les administrations.
Avant sa déclaration, l’ancien Premier ministre en sa qualité d’économiste, a présenté un exposé démontrant que l’évolution de la masse salariale au fil des années, ne serait pas compatible avec les recettes budgétaires générées par le Gabon. Entre 2013 et 2014, la masse salariale était passée à 140 milliards de francs, sachant que l’année 2013, est celle qui a précédé le choc pétrolier «on ne peut pas décider de l’augmentation des salaires et du recrutement des gens, sans s’assurer que c’est compatible avec l’évolution de nos recettes. Un effort très important doit être fait pour la collecte de nos recettes», a-t-indiqué.
Au terme de sa communication, l’économiste a donné quelques solutions pour relancer la création d’emplois et rendre le système économique du Gabon plus innovant.
«Un pays doit créer de la richesse, et, c’est la création de la richesse qui est à l’origine de la création d’emploi. Le secteur public ne doit pas être le plus grand fournisseur d’emploi. C’est parce que notre système privé n’est toujours pas efficace que nous ne parvenons pas à créer assez d’emploi dans ce secteur là. Je crois que nous devons œuvrer à rendre le secteur économique beaucoup plus performant et innovant. A long terme nous avons besoin de créer des emplois dans les secteurs productifs, dans les emplois marchands qui peuvent venir absorber les générations de jeunes qui arrivent sur le marché du travail», a-t-il dit. Concluant par la suite «le système n’est pas assez innovant, il ne crée pas assez d’emplois et donc nous sommes en danger».