Sur invitation du gouvernement, le Parquet de Libreville pourrait initier une action contre le groupe des 10 opposants et membres de la société civile gabonaise, qui appelle depuis un mois à la constatation de la vacance de la présidence de la République.
Confirmant des rumeurs relayées sur les réseaux sociaux ces derniers jours, faisant état d’une éventuelle arrestation prochaine des 10 opposants et membres de la société civile gabonaise appelant à la constatation de la vacance du pouvoir au sommet de l’État, le gouvernement vient d’inviter le Parquet de Libreville à engager l’action publique «contre toute personne impliquée dans des actes de déstabilisation de notre pays».
Cette invite a été officiellement faite, vendredi, par Lambert-Noël Matha le ministre de l’Intérieur, qui accuse les initiateurs de «l’Appel à agir» d’appeler «clairement et ouvertement à la contestation de l’autorité de l’État, à la défiance des institutions régulièrement établies et à la désobéissance civile». Des accusations que la plateforme rejette en bloc, accusant à son tour le membre du gouvernement de mentir à l’opinion nationale et internationale sur le véritable objectif de l’appel lancé le 28 février dernier.
Tout en rappelant avoir adressé des demandes d’audience au Premier ministre ainsi qu’aux présidents de la Cour constitutionnelle, du Sénat et de l’Assemblée nationale, pour leur expliquer le bien-fondé de son entreprise, le groupe des 10 assure n’avoir jamais agi en violation de la loi. Mieux, la plateforme présente son récent dépôt d’une requête en référé pour la désignation d’un médecin expert devant déterminer les capacités physiques et intellectuelles d’Ali Bongo comme la preuve de ce qu’elle est déterminée «à placer les lois de la République au-dessus de tous et chacun». À cet effet, «l’Appel à agir» rappelle au ministre de l’Intérieur que, selon la loi, ni lui ni même le gouvernement ne sont admis à s’adresser directement au procureur de la République. Seul est autorisé le ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Cet aspect aurait-il donc échappé au Premier ministre Julien Nkoghe Bekale ainsi qu’à toute son équipe ?
Quoi qu’il en soit, individuellement, les signataires de «l’Appel à agir» se disent tous prêts à payer le prix de leur action. «Nous vous demandons d’appliquer la Constitution, “votre” Constitution, vous brandissez la matraque et la prison, vous faites des réunions pour tuer les 10. Si c’est cela votre choix, je vous donne ce conseil : ouvrez grandement les portes de vos prisons, car cette fois-ci, nous sommes nombreux à accepter désormais d’y entrer. Nous ne prendrons plus d’avocats pour nous défendre ; nous ne parlerons plus à vos procès dans vos tribunaux ; nous allons accepter avec joie vos condamnations», écrit le député Dr Minault Zima Ebeyard sur sa page Facebook.