Le syndicaliste Jean Remy Yama a été entendu durant cinq heures dans les locaux de la Police judiciaire (PJ) ce jeudi 28 mars suite à une plainte déposée contre lui par un professeur d’université pour « abus de confiance aggravé ». Contrairement à ce que le leader de DU avait déclaré, son affaire n’a rien à voir avec la politique. Elle relève du droit commun. Face aux charges accablantes, le mis en cause a d’ailleurs été contraint de changer son système de défense.
La plainte a été déposée en septembre dernier. L’universitaire, dont l’identité n’a pas été révélée, dénonce la procédure mise en place dans l’attribution des logements déjà disponibles à Angondjè dans le lopin réservé aux enseignants-chercheurs, mis gracieusement à leur disposition du temps de l’ex-président Omar Bongo Ondimba.
Jean-Rémy Yama et un autre enseignant chercheur sont les principaux gérants de la SCI Serpentin qui est chargé de la mise en oeuvre du projet. Chaque mois, les enseignants versent des cotisations qui permettent de poursuivre la construction des maisons et apportent diverses contributions afin de minimiser le coût des maisons. L’Etat participe également en s’acquittant d’une subvention annuelle.
Mais en raison de la lenteur constatée dans la construction de ces maisons, les membres du projet ont fini par adopter des critères pour attribuer les logements déjà construits. C’est là que le bât blesse, qu’il y a eu manifestement favoritisme et rupture d’égalité dans le processus d’attribution.
Au sortir de son audition, Jean-Rémy Yama a tenté de se dédouaner. Face aux preuves matériels accablantes, il n’a eu d’autres choix que de reconnaître les faits mais à préférer charger, sur les conseils de son avocat, son collègue, le second gérant de le SCI Serpentin.
« Le collègue a volontairement décidé de sortir du cadre convenu de commun accord pour se lancer dans une aventure solitaire », a confié Jean Remy Yama au sortir de son audition à la PJ. « Je suis étonné que la plainte ne vise pas le deuxième gérant du projet », a-t-il déclaré à la poignée de journalistes présents.
« M. Yama n’est pas au dessous des lois, mais il n’est pas au-dessus non plus »
« Un mauvais procès », rejette une source proche de l’enquête. Celle-ci en veut pour preuve le fait que lundi prochain, à 9h30, la PJ organisera une confrontation entre les deux protagonistes.
En attendant, Jean Remy Yama a affirmé ne s’être pas lui-même octroyé une maison. « Je suis encore locataire », a-t-il juré. Des faits que les enquêteurs vont tenter de vérifier dans les prochains jours. Mais, prévient l’un d’entre eux, « les malversations présumées peuvent prendre différentes formes comme du favoritisme, de la corruption, des pots de vin, etc. Tout n’est pas encore clair dans ce dossier. Mais certains éléments sont accablants », confie-t-il.
Avant sa convocation ce mercredi, Jean-Rémy Yama, syndicaliste très proche de l’opposant Jean Ping, avait crié au complot. Depuis hier, face aux charges auxquelles il est confronté, il a été contraint de changer son fusil d’épaule et d’adopter un nouveau système de défense. « M. Yama n’est pas au dessous des lois, mais il n’est pas au-dessus non plus », a commenté sibyllin un membre de la police judiciaire. Affaire à suivre.