Gabon : Mais à quoi joue (une fois de plus) Dynamique unitaire?

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Publié le jeudi 28 mars 2019 | InvestirGabon

© Autre presse par DR
Le conglomérat syndical Dynamique unitaire

Alors qu’on s’attendait plutôt à sa réponse au Premier ministre qui a récemment proclamé la priorité qu’il accorderait dorénavant au dialogue avec les partenaires sociaux, le conglomérat syndical Dynamique unitaire vient de se positionner parmi les acteurs politiques et de la société civile appelant à la constatation de la vacance de pouvoir à la Présidence de la République. Une posture étayée non sans reprendre quelques clichés de type conspirationniste, travestis pour l’occasion en doutes légitimes faisant office de vérités absolues.

Ayant habitué l’opinion nationale à son alignement systématique aux thèses et discours de l’opposition radicale au régime d’Ali Bongo, cette organisation de travailleurs, censée être d’abord au service de ses adhérents, ouvre là un coin supplémentaire du voile masquant ses véritables objectifs qui ne semblent se résumer qu’à la lutte frontale avec le pouvoir. Vraisemblablement caporalisée par des leaders politiques aux desseins connus de tous, s’inscrivant dans une invective permanente portée par un discours éminemment populiste et dénué du minimum raisonnable de pondération, Dynamique unitaire continue manifestement de surfer sur cette sorte de mélange de genres dont elle a apparemment toujours su faire commerce auprès de ses supposés véritables maîtres à penser tapis dans les couloirs obscurs de la politique politicienne. Face à un tel constat, sur lequel seuls les esprits peu alertes trouveraient à redire, il ne serait pas exagéré de demander aux dirigeants de cette confédération syndicale de franchir courageusement le rubicon en la muant officiellement en parti politique.

Néanmoins, une telle issue serait très improbable, au regard de la coloration idéologique objectivement hétéroclite et hétérogène des agents publics se vouant à ladite organisation. De fait, ses inamovibles « chefs de troupes » ont-ils simplement conscience que tous les fonctionnaires et autres travailleurs dont ils se revendiquent formellement ne sont pas forcément prompts à suivre leur radicalisme affiché contre les pouvoirs publics? Jean Rémy Yama et consorts ont-ils déjà procédé, même une seule fois, à une consultation de leur base élargie-et pas seulement lors des assemblées générales qui sont d’ailleurs de moins en moins mobilisatrices- pour exprimer des avis et opinions consensuels dans lesquels pourraient se reconnaître tous les membres? Les réponses à ces questions devraient en tout cas fixer les idées sur le fonctionnement même de cette entité, dont on peut soupçonner qu’il s’apparente davantage à un culte à la pensée unique qu’à un réel exercice constant de démocratie participative interne.

Au demeurant, de manière générale, la société civile est certes une partie prenante légitime au débat public, notamment sur des questions qui engagent le vivre-ensemble et l’avenir de la nation. Le sujet national brûlant étant lié à la nécessaire bonne marche de l’Etat, Dynamique unitaire a tout à fait le droit d’exprimer son point de vue, aussi connoté politiquement qu’il puisse être. Mais a contrario, toutes les interventions faites dans un tel cadre ne peuvent se valoir ou être prises au même pied d’égalité, avec les mêmes effets et modes d’action subséquents.

En se prononçant ainsi et en annonçant ses propres opérations de terrain en vue de l’effectivité de la vacance du pouvoir présidentiel, les responsables de Dynamique unitaire commettent une faute à la fois stratégique et syndicale. Car tous ceux dont ils sont censés défendre les droits et intérêts ne sont pas forcément de cet avis, au moins eu égard à la nature strictement apolitique de leur engagement syndical.

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