À l’issue d’une «réunion stratégique» organisée 48 heures plus tôt, le Parti démocratique gabonais a lancé, le 21 mars, «la riposte démocratique au Collectif des dix dans la commune de Libreville». Il est question de faire un contrepoids à l’argumentaire de l’«Appel à agir» appelant au constat de la vacance du pouvoir.
Le Parti démocratique gabonais (PDG) ne compte pas rester les mains croisées après l’«Appel à agir» lancé par le Collectif des dix. Le 19 mars à Libreville, le parti au pouvoir a tenu une réunion stratégique sur la mise en place de l’opération pouvant se nommer «Boomerang», visant à «organiser la riposte démocratique au Collectif des dix dans la commune de Libreville».
Le 28 février, en effet, 10 membres de l’opposition et de la société civile (Elza-Ritchuelle Boukandou, Noël Bertrand Boundzanga, Placide Obiang Nzé, Nicolas Nguema, Franck Ndjimbi, Edgard Owono, Ange Kevin Nzigou, Marc Ona Essangui, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi et Minault Maxime Zima-Ebeyard) ont lancé un «Appel à agir» dans lequel ils demandent que la vacance du pouvoir soit constatée, suite aux ennuis de santé du chef de l’État.
Au cours de la réunion stratégique dirigée par le secrétaire national en charge de l’Animation politique dans la province de l’Estuaire, un plan d’attaque a été élaboré dans le cadre de cette riposte lancée le 21 mars dans le 2e arrondissement de Libreville. Celui-ci repose avant tout sur le «déroulement». «Il a été convenu que l’opération devait se déployer sous la couverture des préparatifs des festivités en différé de la fête du parti, au cours desquels, la question ad hoc interviendra pendant un gros divers», a décliné Augustin Ndong Mba.
Cette stratégie comprend la mise en place d’une «task force» composée de «10 camarades» et, le repérage du circuit mené par le Collectif des dix, afin de le pister et le doubler. «Avec pour base nos militants, nous allons tenir des causeries républicaines dans les environs des lieux où ils (membres du Collectif, ndlr) ont été, afin de toucher leurs cibles ; rétablir, arguments contre arguments, la vérité et la réalité du fonctionnement normal de nos institutions et mettre en relief l’absence de preuves de leurs argumentations, d’une part, et leurs contradictions internes, d’autre part», a détaillé Augustin Ndong Mba.
Dans le cadre de cette opération d’envergure, le PDG attache également du prix à l’«argumentaire à déployer». S’appuyant sur l’argumentaire du Collectif des dix, les missionnaires du parti vont se répartir les différentes thématiques en fonction des lieux, circonstances ou leur aisance à traiter le sujet. Il s’agira donc de «préciser la notion de vacance du pouvoir avant et après la modification de l’article 13, rappeler le fonctionnement régulier des principaux pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire)», a indiqué le PDG.
Si aucune information n’a filtré sur le budget de cette opération, le parti mettra la main à la poche pour la mobilisation des militants par fédération (transports), la logistique (tentes et chaises), la sonorisation, les rafraichissements républicains, la sécurité et les cachets des missionnaires, notamment.
Une grosse opération qui interpelle tout de même sur son timing. En effet, cette riposte intervient près d’un mois après l’«Appel à agir» du Collectif des dix. Et curieusement, elle prend forme après la sortie à ce sujet, du directeur de cabinet du président de la République. Simple coïncidence ? Ou alors, pris de vitesse par Brice Laccruche Alihanga, le PDG veut-il rattraper le coup ? Dans tous les cas, la guerre est lancée entre le PDG et le Collectif des dix.