Amnesty International dénonce les conditions de détention de Bertrand Zibi Abeghe, jugées inhumaines et dégradantes depuis plus de deux ans et demi. L’organisation internationale invite les autorités gabonaises à mettre fin à cette «détention arbitraire» et à ouvrir une enquête sur les faits de torture subie par cet opposant en prison.
Incarcéré depuis le 31 août 2016, Bertrand Zibi n’est toujours pas jugé. À sa longue détention provisoire, dont le délai légal prévu par le code de procédure pénale gabonais est dépassé depuis septembre 2018, vient s’ajouter la détérioration de son état de santé, car privé de visite médicale depuis un an. Une situation indigne Amnesty International.
«Depuis deux ans et demi, Bertrand Zibi Abeghe est incarcéré dans des conditions cruelles, inhumaines et dégradantes dans une cellule en béton, sans lumière, et dont l’exiguïté force les occupants à dormir à tour de rôle. Longtemps torturé au début de sa détention, il souffre de graves séquelles physiques et psychologiques», a affirmé le chargé de campagne pour l’Afrique centrale à Amnesty International, Tity Agbahey, selon qui, cette situation «montre clairement la volonté des autorités gabonaises de museler l’opposition».
Très préoccupé par la longue détention provisoire du membre de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), Amnesty International appelle le Gabon à mettre fin à cette détention arbitraire et à ouvrir une enquête sur les faits de torture subie par l’opposant en prison, dont les demandes de mise en liberté, formulées par ses avocats, ont plusieurs fois été rejetées, et aucune date n’a été fixée pour un éventuel procès.
«La persécution des voix dissidentes est un signal négatif de plus dans un pays qui présente déjà un bilan assez désastreux en termes de droits humains. Les autorités doivent mettre fin aux manœuvres d’intimidation et de harcèlement, sous toutes leurs formes, dont sont constamment victimes des membres de l’opposition et des défenseurs des droits humains», a déclaré Tity Agbahey.
Bertrand Zibi Abeghe, membre de la CNR réunie autour de Jean Ping, a été arrêté le 31 août 2016 dans le contexte des manifestations contre les résultats de l’élection présidentielle au Gabon. Il a été inculpé des délits d’instigation aux violences, de manœuvres de nature à provoquer des troubles ou manifestation contre l’autorité de l’Etat, instigation aux violences et voies de fait, et de non-assistance à personne en danger.