Soupçons de trafic du bois, passe-droits, absence de contrôle et intimidations… au ministère des Forêts, règne un climat de «mafia» depuis plusieurs années, auquel Guy-Bertrand Mapangou entend mettre fin. Deux mois après sa nomination, il a tenu, mercredi, une réunion de recadrage au cours de laquelle il a dit son intention de «laver la réputation» de l’administration.
Deux mois après sa nomination à la tête du ministère des Forêts, de l’Environnement, chargé du Plan climat, c’est ce mercredi 20 mars que Guy-Bertrand Mapangou, qu’accompagnait son collègue délégué Franck Nguema, a officiellement rencontré les cadres et agents de l’administration dont ils ont la charge. Au cours de cette rencontre qui était en réalité une réunion de recadrage et de mise en garde, le ministre d’État s’est dit «complètement peiné» par les différentes accusations pesant depuis plusieurs années sur le secteur et ses principaux acteurs. Des accusations faisant du ministère un des lieux de prédilection de «la mafia», en raison de sa rentabilité.
Ni les différentes directions provinciales ni les administratifs et encore moins les techniciens n’ont, en effet, eu bonne presse ces dernières années. L’exploitation illégale du Kevazingo, la vente de défenses d’éléphants pour lesquelles certains cadres de cette administration sont actuellement inquiétés par la justice en sont la preuve. Pour Guy-Bertrand Mapangou, il faut impérativement en finir. Le membre du gouvernement ne cache pas son ambition à «laver la réputation de l’administration», y compris celle des agents mis à l’index, «souvent sans tenir compte de la présomption d’innocence».
«Ce ministère qui a été un ministère prestigieux, et dont les agents étaient respectés par le passé a complètement été brisé dans l’opinion. Vous êtes malheureusement vus sous le prisme d’agents tricheurs, de mafia», a-t-il regretté, tout en indiquant que, «même s’il y a deux brebis galeuses qui s’adonnent à cœur joie [aux] activités répréhensibles, ce ne sont pas tous les agents du ministère qui sont concernés».
Aussi, pour tenter de «redorer l’image» de l’administration dont il a la charge, Guy-Bertrand Mapangou invite-t-il les agents à faire preuve de probité, et les cadres à prendre leurs responsabilités. Pour lui, l’absence de contrôle de l’action des chefs de cantonnements dans les provinces, l’insuffisance voire l’absence de matériel pour des contrôles sur le terrain ainsi que les tentatives d’intimidation et la crainte de bien faire, observée chez certains, sont parmi les principales origines des accusations de «tricherie» portées contre les agents des Eaux et Forêts.
Conforté par la volonté de certains agents à changer leur image, le ministre d’État annonce plusieurs réformes «pour crédibiliser l’action du ministère», allant de l’interdiction de l’empotage à l’intérieur du pays à la présence effective des agents du ministère dans les ports avant chaque fermeture de container, en passant par la mobilité des agents au sein des services, la suspension de certaines conventions jugées improductives, jusqu’à l’interdiction de l’exploitation du Kevazingo «qui nourrit tant de fantasmes».