Le taux de mortalité maternelle après une césarienne en Afrique serait 50 fois supérieur à celui des pays riches, selon une étude publiée le 15 mars 2019, dans la revue médicale The Lancet Global Health.
Selon une étude baptisée «African Surgical Outcomes Study», mesurant les résultats chirurgicaux de tous les patients opérés pendant sept jours dans 183 hôpitaux de 22 pays africains, sur 3.700 mères étudiées, près d’une femme sur 200 est décédée après une césarienne.
Après une césarienne réalisée sur environ 3.700 mères issues de 22 pays du continent, la mortalité maternelle est de l’ordre de 0,1 pour 1 000 opérations au Royaume-Uni, alors qu’elle atteint 5,43 pour 1 000 opérations pour les mères africaines étudiées.
Pour le professeur Bruce M. Biccard, de l’Université du Cap, en Afrique du Sud, paradoxalement pendant que de nombreux pays cherchent à réduire le taux d’accouchement par césarienne, l’Afrique semble faire de cette pratique une priorité d’accouchement d’où, l’augmentation du taux de césariennes constaté sur le continent. Elle représente à elle seule en moyenne la tierce d’intervention chirurgicale en Afrique. Quant au taux de mortalité néonatale, suite à une césarienne, il fait le double de la moyenne dans le monde.
Selon cette étude, 78,2 % des césariennes ont été faites en urgence, ce qui équivaut à 2.867 femmes. Et nombre de mères sont arrivées en chirurgie avec un risque préopératoire déjà élevé en raison de complications liées à la grossesse. «Les mères qui ont des complications placentaires préopératoires, une rupture de l’utérus, des saignements avant la naissance, des saignements obstétricaux sévères au cours de la chirurgie et des complications de l’anesthésie sont plus susceptibles de mourir après ou au cours d’une césarienne», souligne l’étude.
A la question de savoir comment réduire le taux de mortalité des mères pendant les césariennes, le professeur Bruce M. Biccard, estime que : «améliorer l’accès à la chirurgie et la sécurité de cette procédure pourrait permettre aux patientes de se présenter plus tôt et d’éviter des complications et des décès». Dans cette optique, il préconise une meilleure identification précoce du risque de saignement et une utilisation moins restrictive des traitements de l’hémorragie post-partum. Des produits sanguins de longue durée de conservation, ainsi qu’une aide en ligne ou via des applications mobiles aux non-médecins pratiquant des anesthésies, pourraient aussi contribuer à accroître les taux de survie.