Gabon : Pourquoi Jean Ping s’est finalement résolu à rallier l’ « appel à agir » lancé par un collectif d’opposants

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Publié le lundi 11 mars 2019 | La Libreville

© AFP par STEVE JORDAN
Gabon: Meeting de l opposition organisé par Jean Ping
Samedi 15 avril 2017. L`opposant Jean Ping, a tenu un premier rassemblement d`ampleur depuis décembre à Libreville, alors que le pouvoir organise un "dialogue politique" pour apaiser les tensions post-électorales.

Cet appel, lancé il y a dix jours par un collectif d’opposants, avait pourtant été vertement critiqué par les proches de Jean Ping. Mais le leader de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) s’est finalement résolu à y adhérer. Voici pourquoi.

Jeudi 7 mars, huit des dix signataires de l’appel à agir lancé pour réclamer la constatation de la vacance présidentielle suite aux ennuis de santé d’Ali Bongo Ondimba se sont rendus au quartier des charbonnages dans le premier arrondissement de Libreville. Leur objectif : y rencontrer Jean Ping afin d’obtenir son adhésion.

Mission réussie. « Nous avons pris acte de votre démarche et allons suivre. Nous vous accompagnerons dans votre démarche telle que exprimée », a déclaré Jean Ping à ses hôtes (Placide Aubiang Nzeh, Noël Bertrand Boudzanga, Nicolas Nguema, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, Marc Ona Essangui, les honorables Edgard Owono et Maxime Minault Zima Ebeyard et Elza-Ritchuelle Boukandou).

Mais ce-jour-là, les propos convenus et les sourires de circonstances peinent à masquer une certaine gêne. En effet, lors du lancement de cet appel, les proches de Jean Ping n’avaient eu de mots assez durs à l’endroit de cette initiative et de leurs auteurs, à l’instar de Ngomo Privat (lire notre article à ce sujet).

Il faut dire que ça n’est pas de gaieté de cœur que Jean Ping s’est rallié à cet appel, lancé le 28 février dernier. D’emblée, en homme politique madré, il y a vu une potentielle concurrence. Une nouvelle génération d’opposants cherchant, selon lui, à pousser vers la sortie la génération précédente que M. Ping a encore la prétention d’incarner.

Mais l’opposant a fini à se rendre à l’évidence. Incapable de mobiliser, contraint de s’abriter derrière les syndicats (comme Dynamique Unitaire de Jean-Rémy Yama) pour porter ses revendications, il a fini par rallier les signataires de cet appel suivant l’adage, « si les choses nous échappent, feignons d’en être les organisateurs ». Dans le même temps, les signataires de l’appel ont eux accepté de jouer le jeu en présentant leur démarche comme « consensuelle » et « ouverte » afin d’éviter de froisser les susceptibilités de M. Ping.

D’autres motivations, plus conjoncturelles, ont poussé le leader de la CNR à adhérer à cette démarche. Cette semaine, un article paru sur le blog de Mediapart s’est fait l’écho de négociations entamées à Rabat au Maroc entre le camp présidentiel et un émissaire de M. Ping en vue d’un éventuel ralliement de ce dernier au président Ali Bongo Ondimba. A travers l’adhésion à l’appel à agir, celui-ci a sans doute voulu envoyer le signal qu’il appartenait toujours, en apparence du moins, au camp de l’opposition.

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