Depuis la fin du mois d’octobre dernier et l’hospitalisation à Riyad en Arabie Saoudite du président Ali Bongo, l’opposition a multiplié les appels à déclarer la vacance du pouvoir présidentiel. Sans aucun effet. Une attitude qui ne laisse aujourd’hui d’interpeller les Gabonais qui attendent bien autre chose de sa part.
Il y en a eu des centaines depuis la fin du mois d’octobre dernier et l’hospitalisation à Ryad en Arabie Saoudite du président Ali Bongo Ondimba. Depuis, le chef de l’Etat va mieux, beaucoup mieux. Il est déjà revenu à deux reprises à Libreville (le 15 janvier et le 24 février). Mieux, le retour définitif au pays du numéro un gabonais est prévu dans les prochaines semaines. En attendant, il travaille d’arrache-pied avec le gouvernement, les responsables des institutions et ses principaux collaborateurs. « Son agenda est bientôt plus chargé qu’auparavant », souffle l’un d’entre eux.
Mais il n’y a pas que la santé du Président Ali Bongo Ondimba qui va mieux. Celle du Gabon aussi. Selon le FMI et la Banque mondiale, la croissance y tangentera en 2019 les 4 %. Des réformes structurelles ont – enfin – été mises en place concernant l’organisation de l’Etat, l’équilibre des finances publiques ou bien encore la formation et l’éducation. Le sens des priorités, les vraies, sont enfin de retour au sommet de l’Etat. En témoigne la volonté de faire en 2019 de l’emploi le sujet d’attention numéro un de la part des autorités.
Changement d’idées, d’hommes et de pratiques au sommet de l’Etat
En outre, depuis près de deux ans, l’appareil politique et administration a été profondément renouvelé, comme le montrent les vagues de nominations successives en conseil des ministres ou le choix des investitures délivrées à l’occasion des élections générales d’octobre dernier. Désormais, pour être promus, il faut être compétent et travailleur. La proximité avec le chef, l’appartenance à un parti ou à une province, ne garantit plus la certitude d’être maintenu à son poste. En l’absence de résultats, les responsables publiques le savent : ils seront remerciés sans autre forme de procès.
A ce changement d’idées, à ce changement d’hommes (et de femmes !), s’y ajoutent un autre, tout aussi fondamental : le changement de pratiques. Celui-ci se vérifie à deux aunes. Tout d’abord, la volonté désormais bien réelle de rendre l’action publique efficace. Les dirigeants ne sont plus là pour jouir du pouvoir mais pour travailler, au service des Gabonais. ll s’agit de servir (les Gabonais) et non de se servir (soi-même). Et gare aux récalcitrants. Ils seront aussitôt descendus de leur piédestal.
Ensuite, tout le monde s’accordent à dire, même si le sujet est tabou, que le niveau de corruption, qui a pu atteindre par le passé des proportions endémiques, a très nettement baissé. « C’est flagrant », confie un haut-diplomate occidental en poste à Libreville. Flagrant mais pas étonnant car l’état d’esprit à radicalement changé au sommet de l’Etat gabonais où la notion d’intérêt général a été – c’est heureux – réhabilité et où la volonté de changer, tangiblement et concrètement, le quotidien des Gabonais est manifeste.
L’opposition monomaniaque, l’homme malade du Gabon
Dans ce processus de retour à meilleure fortune pour le Gabon, l’opposition pourrait y apporter sa pierre. Comment ? En proposant des solutions alternatives dans les domaines qui sont au cœur des préoccupations des Gabonais : l’emploi, l’éducation, la santé, le logement, les transports, le pouvoir d’achat, etc. Hélas, on a beau attendre, beau espérer, rien ne vient. Durement sanctionnée lors des élections législatives et locales d’octobre dernier, l’opposition n’a décidément tiré aucune leçon de sa déconvenue. Critiquer le pouvoir en place sans contre-proposer ne saurait tenir lieu de programme pour les Gabonais.
Pourtant, depuis quatre mois, c’est dans cette posture de dénonciation que se complaît l’opposition, toutes tendances et toutes mouvances confondues. Oublié son combat de 2016 pour la vérité des urnes, oublié tout le reste, désormais celle-ci n’a plus qu’une seule et unique préoccupation : faire actionner l’article 13 pour que la vacance du pouvoir présidentiel soit constatée. Une entreprise, d’une part, qu’elle sait d’avance vouée à l’échec : il y a eu en effet des centaines d’appels en ce sens depuis novembre dernier et aucun n’a aboutit ; une entreprise, d’autre part, qui est loin, très loin des préoccupations des Gabonais. « C’est de la politique à l’ancienne, de la politique politicienne, du théâtre. On ne veut pas de ça », entend-t-on souvent dans les rues de Libreville.
Cette revendication, unique sujet d’attention pour l’opposition, est d’autant moins comprise par la population que désormais, que cela plaise ou non, le président est hors de danger, qu’il remplit normalement la fonction de président, que le gouvernement et l’Assemblée nationale sont installés, que l’administration – dans toutes ses composantes – est en ordre de marche.
Catharsis
Finalement, dans cet édifice démocratique, ne manque plus qu’un seul élément, pourtant fondamental pour équilibrer le tout : la voix de l’opposition. Divisée, fracturée, embourbée dans des querelles de leadership, celle-ci est devenue au fil du temps inaudible aux yeux de l’écrasante majorité des Gabonais. Surtout, elle a totalement perdu le sens des priorités, se montant incapable de formuler la moindre proposition sur les vrais enjeux du pays. Pour le dire plus simplement, l’opposition gabonaise est en décalage total avec les aspirations du pays.
Décidément, il est grand temps pour elle de revenir à la raison en cessant de poursuivre des chimères. Les appels à déclarer la vacance du pouvoir présidentiel resteront vains. Ceux-ci aujourd’hui ne servent finalement qu’à une chose : permettre à l’opposition, via ce qui s’apparente à de la catharsis, d’exorciser sa propre impuissance. Ce n’est pas ce que les Gabonais attendent d’elle.
Ce que les Gabonais attendent de l’opposition, ce sont des propositions et non de vaines incantations.