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Trafic d’eau : Un petit filon porteur
Publié le mercredi 6 mars 2019  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Le siège de la SEEG à Libreville
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La vétusté des réseaux de distribution de l’eau de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), malgré les efforts fournis ces dernières années par l’État, a favorisé l’émergence d’un phénomène : la vente d’eau aux ménages nécessiteux.

S’il est indéniable que la SEEG détient le monopole de la distribution et de la commercialisation de l’eau potable et de l’électricité sur le territoire national, ses insuffisances dans distribution régulière de l’eau ont fait prospérer un petit commerce juteux : la vente du précieux liquide aux foyers nécessiteux.

Ce commerce prend de l’ampleur à Libreville et ses environs. Munis des récipients dans des brouettes, des véhicules ou sur la tête, les clients partent à la recherche d’un coin où ils peuvent s’approvisionner en eau potable. «Un jour, j’aillais chez mon frère qui est au rond-point de Nzeng-Ayong pour remplir des bidons d’eau. Mais j’ai été interpellé par une amie qui m’a dit qu’il y a un endroit où on vend de l’eau non loin de chez moi, mais en contre-bas», raconte Gertrude, une habitante d’Avéa. «J’y suis allée et j’ai constaté qu’on vendait le bidon de 20 litres à 100 francs CFA. J’ai sauté sur l’occasion parce que ça me raccourcit le trajet», a-t-elle ajouté.

Si c’est strictement de l’informel, des coins de vente se sont multipliés et approvisionnent de nombreux foyers, notamment ceux résidant dans des quartiers fragilisés par une pénurie chronique d’eau, tels que Nkembo et Avéa, dans le 2e arrondissement de Libreville, Montalier et Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement, ou Angondjé dans la commune d’Akanda.

Les foyers les plus aisés sont directement livrés à domicile par des camions-citernes, notamment ceux ayant des cuves de stockage. Le prix de la cuve de 1 m3 soit 1000 litres se chiffre parfois à plus de 100.000 francs CFA. Les familles disposant d’une piscine ou certains établissements commerciaux, notamment les hôtels, restaurants ou cliniques privées peuvent parfois débourser plus du million de francs CFA par mois pour satisfaire leurs besoins. «Tant qu’il n’y a pas l’eau de la SEEG, on est obligé d’acheter de l’eau. Sinon que fait-on lorsqu’il y a des clients qui ont forcément besoin d’eau ou lorsqu’il s’agit de laver les draps ?», s’est justifié le gérant d’un hôtel.

Face au développement de ce phénomène, on est en droit de se demander si ce commerce illégal trouble le sommeil de Dame SEEG. Pas pour l’instant, puisque la plupart de vendeurs s’approvisionnent directement via leurs propres robinets. D’ailleurs, plusieurs laveries de voiture sont devenues des stations de vente d’eau. Dans ces endroits, les bidons de 20 litres sont vendus à 100 francs CFA. «On vend 20 litres à 100 francs», a affirmé Coulibaly, un employé d’une laverie. «À la fin de certaines journées, on peut même vendre 100.000 francs ou plus parce qu’il y a parfois des gens qui viennent avec des cuves. Mais il y a des jours où on ne vend rien», a-t-il dit, expliquant que «les recettes de ce commerce dépendent de la disponibilité d’eau de la SEEG dans les quartiers».

Pour la qualité du produit, il assure qu’il n’y a aucune crainte. «C’est de l’eau de la SEEG. On a notre compteur. Comme on a régulièrement l’eau, les gens demandent et on la leur revend. On peut la boire parce que la SEEG assure qu’elle est potable», a ajouté un autre agent de la laverie. Ce commerce qui se développe au gré des atermoiements de la SEEG dans la fourniture de l’eau est loin de dévoiler tout son potentiel. Pour l’instant, il nourrit bien son homme et les revendeurs se pourlèchent les babines.
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