Libreville – La République démocratique du Congo (RDC) est disposée à dépanner les gabonais vivant avec le VIH/SIDA dont certains sont déjà victimes d’une rupture de stocks des antirétroviraux en cours dans certains Centres de traitement ambulatoire (CTA), a indiqué lundi à Libreville la Directrice locale de l’ONUSIDA, Françoise Ndayishimiye dans un entretien à Gabonactu.com.
« Ce matin, dans une réunion à laquelle j’ai participé, on nous a annoncé que la RDC est sur le point d’envoyer des médicaments utilisés par 20 000 personnes vivant avec le VIH/ SIDA au Gabon », a déclaré Mme Ndayishimiye.
L’unique condition posée par le pays de Félix Tshisekedi est que le Gabon s’engage à rembourser rapidement tous les frais engagés pour acquérir et transporter ces médicaments vers le Gabon.
Selon la responsable de l’ONUSIDA au Gabon, la transaction serait assurée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) suite à un appel lancé par le Gabon en direction de ses partenaires dans la lutte contre cette pandémie.
Le Gabon a récemment saisie tous ses partenaires pour solliciter de l’aide afin que ses 38 000 personnes vivant avec le virus du HIV qui sont sous traitement ne puissent pas subir les conséquences de la rupture des stocks dans le pays.
Libreville a déjà débloqué la somme nécessaire en février dernier mais les fabricants indiens des antirétroviraux consommés au Gabon auraient des difficultés pour livrer les produits dans les meilleurs délais. Actuellement le Gabon puiserait dans ses stocks de sécurité pour continuer à approvisionner ses patients.
« Ce qui serait intéressant pour le Gabon c’est d’appliquer les recommandations de l’ONUSIDA qui conseille de commander des stocks pour une année et d’avoir un stock de sécurité de plus de trois mois », a ajouté Mme Ndayishimiye.
Le gouvernement gabonais n’a pas encore réagi à cette annonce. Le Secrétaire général du ministère de la Santé, Guy Patrick Obiang tout en reconnaissant qu’une pénurie d’antirétroviraux se profile dans le pays, a assuré qu’une solution palliative devait être trouvée.
« Nous avons recommandé aux médecins de prescrire des molécules de substitution », a indiqué M. Obiang l’un des meilleurs spécialistes au Gabon de la prise en charge des personnes vivant avec le virus du SIDA.
L’annonce de cette pénurie a créé la panique dans le pays notamment auprès des personnes contaminées.
« Nous sommes inquiets, nous avons peur de développer des résistances au cas où on nous changerait des molécules », a déclaré Mme Moussounda Nzamba, présidente du Réseau gabonais des personnes vivant avec ce virus.
Vivant avec ce dangereux virus depuis 20 ans, Mme Moussounda Nzamba a également fondé son ONG dénommée « Famille unie ». C’est une espèce de temple pour réunir toutes les personnes ayant ce statut sérologique avec qu’elles ne se sentent pas seules, explique-t-elle.
« Il ne faut pas paniquer les malades pour rien. Un malade qui suit bien son traitement ne mourra pas en cas de rupture de médicaments de moins de 6 mois », a rassuré Mme Ndayishimiye. « Lancer l’alerte c’est bien. Mais dire que les 38 000 personnes sous traitement sont menacées de morts, c’est dangereux », a insisté Mme Ndayishimiye.
Le Gabon a une prévalence du virus du SIDA estimée à 4,1%. 52 000 personnes vivent avec le virus. 38 000 personnes sont sous traitement actuellement, selon le Secrétaire général du ministère de la santé Guy Patrick Obiang.