La communauté internationale a célébré ce 4 mars, la journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle. Comme les années précédentes, il n’y a pas eu de festivités officielles au Gabon. Pourtant, le phénomène y est bien présent sous différentes facettes.
Ce lundi 4 mars comme chaque année depuis 2009, le monde a célébré la journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle. Soit, le fait «d’user de son autorité voire de sa confiance, pour contraindre une personne vulnérable à participer à une activité sexuelle». La journée a été instaurée par les Nations unies pour réfléchir sur les stratégies de lutte contre ce fléau, lucratif à plusieurs titres. L’on estime en effet qu’il génère plusieurs milliers d’euros par an, avec pour principales victimes des femmes et enfants.
Si au Gabon, aucune statistique officielle ne permet d’apprécier l’ampleur du phénomène, il l’y est pourtant bien présent et revêt diverses facettes. Les témoignages en disent long. «Je suis arrivée au Gabon à la demande de ma tante et j’étais très jeune. Comme à l’école ça ne marchait pas, j’ai été obligé de me mettre dans le commerce avec elle. Et comme j’étais très jolie, dans ses réseaux il y avait des hommes qui voulaient bien de moi moyennant de l’argent. C’est là que j’ai commencé. Je sortais avec eux, elle gérait le gain», raconte une Congolaise ayant passé une bonne partie de sa vie à Libreville. Rentrée chez elle, elle estime avoir été victime d’exploitation sexuelle quand bien même elle n’a «jamais été violentée». «Mais j’avais la pression de ma tante et elle se faisait plaisir avec l’argent que je bossais», dit-elle.
Cette pression parfois née de la pauvreté qui touche bien de familles, pousse ces dernières à envoyer leurs enfants se livrer sexuellement. Tout ce qui se présente est d’ailleurs perçu comme une opportunité. C’est ce qu’explique Laurine, qui se considère comme une victime. «Je suis l’aînée de ma mère qui n’a pas toujours eu les moyens de prendre soin de nous. Sans qualifications, elle a toujours été ménagère. Elle a travaillé chez un monsieur assez riche dont les enfants vivent à l’étranger et la femme n’était pas là. Elle a tout arrangé pour qu’on se mette ensemble afin que je prenne soin de mes cadets. Pour eux, je me donnais à lui et j’ai construit une maison à ma mère», raconte-t-elle. «Il m’est arrivé de la détester, mais j’avais besoin d’aider ma famille surtout que malgré le fait d’avoir fini mes études, je ne trouvais pas de travail. Je cédais donc à ses caprices sexuels», poursuit-elle.
La pauvreté ou parfois l’absence de perspectives oblige certains à se laisser exploiter sexuellement par ceux qui en ont les moyens. «Je suis arrivée dans la boîte en tant que stagiaire et certains directeurs me désiraient. Vulnérable, j’ai fini par céder à un qui m’avait promis un CDI. Mais en CDD, il devenait trop exigeant. Je n’en pouvais plus et j’ai fini par tout perdre», rapporte Christia, une autre.
Ces quelques cas ne sont que représentatifs de la montée en puissance d’un phénomène aux multiples facettes qui façonne les mœurs, au fur et à mesure que la société s’enlise dans la pauvreté.