Membre de l’Union Nationale, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi avait signé la semaine dernière, avec un collectif de dix opposants, un appel à agir, demandant à ce que la vacance du pouvoir présidentiel soit constaté suite aux ennuis de santé du président Ali Bongo. Une initiative diversement appréciée par le président du parti, Zacharie Myboto. Explication.
Il n’est pas content. Et il l’a fait savoir. Pas plus tard que ce weekend, à son entourage. Le président de l’Union Nationale, parti d’opposition, a manifestement peu goûté le fait que le commissaire au Budget de sa formation, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, ait pris l’initiative de signer la semaine dernière, aux côtés de neuf autres opposants, un appel à agir, demandant à ce que la vacance présidentielle soit constatée. Le texte, à peine sorti, avait suscité des critiques de toutes parts, y compris dans les rangs de l’opposition (lire nos précédents articles à ce sujet ici et ici).
Ce weekend, c’est Zacharie Myboto qui est venu en remettre une couche. Le président de l’UN a déploré le fait qu’un des membres de son parti, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, est pris l’initiative de signer un tel appel.
« C’est une initiative personnelle » , a-t-il indiqué à quelques uns de ses proches. « Celle-ci n’engage donc que lui et nullement le parti », a pris soin de préciser aussitôt M. Myboto. « Jean Gaspard a eu tort d’associer son nom à ce texte. Après la raclée reçue lors de législatives, il devrait se faire plus discret », a-t-il lâché sur un ton cinglant, en référence à l’humiliante élimination lors du premier tour du scrutin législatif d’octobre dernier à Akanda de celui qui était alors considéré comme l’étoile montante du parti.
Interrogés sur les raisons de cette réaction pour le moins épidermiques, les proches de Zacharie Myboto l’expliquent de diverses manières. Pour certains, c’est la proximité de cet appel avec la déclaration publique du même acabit faite par M. Myboto il y a tout juste deux semaines qui aurait froissé la susceptibilité de ce dernier (lire notre article à ce sujet).
Succession à la présidence du parti ?
Pour d’autres, c’est le fait que cette initiative, parfois abusivement présentée comme émanant d’un groupe d’intellectuels, serait noyautée par les membres du Parti pour le changement (PLC) qui sont en effet sur-représentés parmi les signataires (Nicolas Nguema, Anges Kevin Nzigou, Elza Ritchuelle Boukandou…).
Pour d’autres encore, il ne faudrait pas y voir de querelle de personnes. Ce serait une simple question d’opportunité. En effet, depuis le mois de novembre, des dizaines et des dizaines d’appels de ce type se sont succédés sans aucun effet. A les multiplier, selon eux, l’opposition risquerait d’y perdre sa crédibilité.
Selon certains observateurs toutefois, la réaction urticaire de M. Myboto masquerait en réalité des tensions pour le leadership au sein du parti. Jean Gaspard Ntoutoume Ayi fait peu mystère en effet de sa volonté de guigner la présidence de l’Union Nationale. Mais son ambition se heurterait à la volonté de M. Myboto de confier sa succession à sa propre fille, Chantal.