Dans une lettre adressée au Procureur de la République de Libreville, Olivier Nzahou, le Président de la Haute autorité de la communication (HAC), Raphaël Ntoutoume Nkoghé, a dénoncé l’entreprise de « harcèlement psychologique » dont fait l’objet le journaliste du média en ligne « Direct Infos Gabon », Mesmin Brice Gotoa, de la part du directeur commercial de la société d’assurance AXA-Gabon.
Vilipendée par l’opposition radicale qui l’accuse régulièrement de s’en prendre à la liberté d’informer, la HAC vient d’administrer la preuve que les accusations dont elle est l’objet sont souvent excessives, en tout cas souvent imméritées. « C’est comme sur un terrain de football, les deux équipes s’en prennent souvent à l’arbitre. C’est la loi du sport », commente placidement l’un des membres de cette institution qui régule les médias au Gabon.
Cette fois-ci en tout cas, toute tendance confondue, la HAC semble faire l’unanimité. L’affaire oppose le journaliste Brice Gotoa à la société Axa-Gabon. Le premier est poursuivi en justice par la seconde suite à la publication d’un article intitulé : « AXA-Gabon : soupçons de fraude et de corruption à la direction commerciale ». Or, depuis la parution de cet article le dernier, Brice Gotoa a été convoqué plusieurs fois à la Direction générale de recherches (DGR), une unité de la gendarmerie nationale.
La HAC qui a, entre autres missions, de « protéger les journalistes face à l’arbitraire, le harcèlement et les menaces de toutes natures », a décidé de défendre notre confrère. Un des conseillers membres de la HAC a sollicité les services d’un avocat afin de le défendre et de mettre un terme à ce qu’elle considère comme un harcèlement.
Le secret des sources ne saurait être violé (article 42 du Code de la communication)
D’où ce courrier adressé par le président de la HAC au procureur de Libreville le 28 février (dont nous reproduisons ci-dessous une copie). « Le but recherché par toutes ces convocations et auditions est de lui faire divulguer l’identité de ses informateurs », commence par dénoncer la HAC, avant de poursuivre : « Jusqu’ici la seule infraction qui a été rapportée à la HAC est le refus de divulgation des sources d’informations. Or, voilà maintenant que vos services requalifient l’affaire en diffamation. Ce qui contraint le journaliste à comparaître devant l’audience publique du tribunal de première instance de vendredi 1er mars à 8 heures », écrit sur un ton interrogatif M. Ntoutoume Nkoghé à Olivier Nzahou.
Le président de la HAC qui précise aussitôt : « Sans pour autant s’immiscer dans le secret de l’instruction, je veux attirer votre attention sur le fait que la requalification de l’infraction ne mentionne nullement les faits diffamatoires. Et si tel est le cas, le requérant aurait dû saisir la Haute autorité de la communication, organe de régulation en l’espèce. L’impression qui se dégage est qu’on veut maintenir le journaliste sous pression afin qu’il livre coûte que coûte ses sources. Ce qui serait contraire à la loi ».
En attendant qu’une éventuelle position soit prise par l’autorité judiciaire, l’audience, initialement prévue ce vendredi 1er mars, a été renvoyée au 14 juin prochain.