Après un an et demi de difficultés, Satram Gabon a retrouvé des couleurs sous la direction de Saïd Znaki. Arrivé en juillet 2018 à la tête de l’entreprise, le nouveau dirigeant revient avec Gabonreview sur les secrets du renouveau de Satram.
Gabonreview : Comment se porte Satram après un an et demi de léthargie ?
Saïd Znaki : Avant tout, je tiens à remercier le Président du conseil d’administration du groupe Satram, Moustapha Aziz, qui avec son expérience et savoir-faire dans le monde politique et des affaires, a repris le flambeau du défunt Lahcen Jakhoukh. Mes remerciements vont également à l’endroit du tribunal de première instance de Port-Gentil qui s’est engagé à accompagner Satram, en initiant la procédure de redressement judiciaire en cours. Je n’oublie pas les employés consciencieux de la société, qui sont restés fidèles malgré un an et demi de difficultés ; ainsi que les clients qui nous ont renouvelé leur confiance.
Satram est spécialisée dans la logistique terrestre et maritime, levage, cabotage national et international, manutention et location de véhicules. C’est un des fleurons de la coopération maroco-gabonaise, un modèle de coopération Sud-Sud. Aujourd’hui, Satram se porte mieux. Mais ce n’était pas facile de sortir la tête de l’eau après un an et demi de difficultés. A mon arrivée, en juillet 2018, j’ai trouvé une société sans organisation, avec une dizaine de directions, de lourdes charges non maitrisées, une gestion sporadique, plusieurs services non productifs, une absence de contrôle, des effectifs pléthoriques, plusieurs mois de salaires impayés, un patrimoine dispersé ou encore, la perte de la majorité des contrats cadres.
Quelles ont été les actions initiées dans la cadre de la relance des activités ?
Je ne me lasserai jamais de remercier les différentes parties qui se sont impliquées dans la reprise de nos activités : notre PCA, le tribunal de Port-Gentil, les employés et nos clients. Considérant que le capital humain est crucial dans la relance d’une activité, nous avons commencé par cet aspect. Nous avons recensé le nombre exact des salariés qui était de 1238 en juillet 2018, hormis les prestataires de services. Vu la situation de l’entreprise, un processus de départs volontaires a été mis en place. Plus de 150 employés étaient concernés par cette initiative qui a impliqué le paiement des arriérés de salaires de plus d’un an et les droits légaux. Cela a allégé la masse salariale tout en respectant le seuil réglementaire (10%, ndlr) d’employés étrangers dans la société, conformément aux ressources financières disponibles. Objectif : maitriser les coûts et garantir la stabilité de la société.
Cela s’est traduit par une régularité des salaires depuis mars 2018 pour l’ensemble des employés sous contrat. Plus de 8,2 milliards de francs CFA ont été déboursés entre cette date et janvier 2019 pour le paiement des salaires et les départs volontaires (arriérés de salaires et droits légaux, ndlr). Plus de 20 millions ont également été débloqués en termes d’avances sur salaires des employés. Dans le cadre de cette reprise des activités, nous avons aussi mis un accent particulier sur la formation et la conformité des employés, comme la régularisation documentaire des conducteurs. Car après un an et demi d’inactivités, il y avait certaines choses à mettre à jour. Nous avons aussi procédé aux visites médicales du personnel affecté sur les sites. Jusqu’ici, cette mise à jour a été effectuée à 80%.
Qu’avez-vous entrepris au niveau des moyens généraux et l’exploitation ?
Justement, plusieurs actions ont été menées en direction des moyens généraux et charges d’exploitation. Au niveau des moyens généraux (électricité, eau, télécoms, loyers, etc., ndlr), nous étions obligés d’éponger le passif de l’ancienne équipe, pour nous donner les moyens de garantir notre bon fonctionnement. Soit près de 500 millions de francs ont été payés par Satram. Pour garantir une bonne exploitation après 18 mois d’inactivités dans les domaines du transport terrestre, la marine et la location de véhicules, des actions urgentes ont également été menées pour réhabiliter certaines unités flottantes, engins et camions. Tout ceci pour la satisfaction de nos clients.
Concrètement, nous avons mis en service deux bateaux cargo, pour garantir la régularité de la ligne Libreville-Port-Gentil. Car, pendant la période de crise de Satram, il y avait une pénurie d’approvisionnement au niveau de la capitale économique. Nous avons aussi remis à flot certaines unités flottantes (barges, pousseurs-remorqueurs, dragues) pour nos clients pétroliers, mais également des engins et camions. Par ailleurs, face à la perte de nos contrats cadres, nous avons décidé de diversifier notre clientèle. Dans les contrats cadres, nous avions trois ou quatre clients. Maintenant, nous avons une trentaine de clients divers.
S’agissant de la location de voitures, nous remercions avant tout Comilog qui nous fait confiance depuis une décennie, dans le souci de préserver les emplois à Satram. Ce partenaire privilégié a maintenu la majorité de contrats avec nous. Nous lui avons rendu cette confiance en renouvelant notre parc de véhicules de location, en garantissant l’entretien et la réparation de celui-ci, malgré les difficultés de la trésorerie. Tout ceci pour satisfaire l’ensemble de nos clients et répondre aux exigences contractuelles. En gros, nous avons investis près de deux milliards dans le renouvellement des véhicules de location, leur réparation et entretien, et les charges d’exploitation de ce parc.
Quelles sont les perspectives de Satram ?
Parmi nos objectifs, nous souhaitons finaliser le renouvellement du parc de véhicules de location, poursuivre la politique de réparation et mise à niveau de la flotte maritime, continuer la régularité du paiement des salaires qui est très importante à nos yeux. Nous nourrissons également l’ambition de nous ouvrir sur la sous-région en reprenant le cabotage international notamment.