Les parlers locaux sont de moins en moins utilisés. Le constat s’établit au quotidien dans les foyers où la promotion des langues maternelles devient problématique. Les décideurs du Gabon sont interpellés, mais très peu de solutions à l’horizon. La journée internationale des langues maternelles se pointe comme une tribune pour chaque citoyen à une prise de conscience.
En instaurant la journée internationale des langues maternelles, l’Unesco a voulu inviter les peuples à promouvoir les parlers locaux. Mais, l’on constate dans la pratique qu’il y a encore des pays qui trainent le pas quant à l’intérêt de les préserver. Le Gabon a inventorié plus d’une quarantaine de langues. Celles dites des peuples minoritaires se trouvent en mal. Le pays se modernise en terme culturel, tout semble se noyer dans la globalisation, le danger guette davantage ces parlers maternels.
Dans le système éducatif, l’introduction des langues gabonaises est lente ou peu d’initiatives arrivent à terme. Le débat sur l’adoption d’une langue nationale ne presse personne. Dans les milieux de prise de décision, l’attente se prolonge. ‘’J’estime que la culture d’un pays est basée d’abord sur la langue que l’on utilise pour s’exprimer’’ relève l’artiste peintre Gervais Moussiali. Il est clair que la langue maternelle est un atout majeur pour l’éducation des jeunes et, surtout la revalorisation de la culture. ‘’Que les parents prennent l’habitude de parler à leurs enfants en langue’’ souhaite l’écrivain Bonaventure Kassa Mihindou.
La langue facilite la communication, les échanges, elle pourrait être considérée comme un levier du développement. La promotion des langues maternelles se positionne tel un enjeu multiforme. ‘’La préservation, la transmission des cultures et traditions nationales sont les principaux enjeux de la valorisation sinon de la promotion des langues gabonaises’’ estime Freddy Louis Philippe Mbadinga, journaliste. Les médias sont également interpellés quant à l’importance de vulgariser les débats ethnolinguistes. De tels échanges devraient inciter les nationaux à puiser leurs savoirs afin de contribuer au développement durable de la civilisation, du développement personnel ainsi qu’à l’essor de leur pays.
La paix tant prônée pourrait trouver des racines dans la cohésion ethnique. ‘’Nous sommes en paix au Gabon sans avoir une langue commune à part le français’’ remarque Gervais Moussiali. C’est plutôt un groupe d’ingrats riches qui manipule le peuple, tempête-t-il. Il ajoute que si ce groupe décide de bien développer le pays en élargissant les rôles à chaque gabonais, on vivrait une vraie paix sans passer par de chemins divers. Régler le problème d’une langue nationale au soir de l’indépendance aurait facilité les échanges locaux.
Avec l’évolution des sociétés, les langues se trouvent de plus en plus en déperdition, le français, l’anglais et le mandarin dominent les conversations dans les milieux feutrés.En milieu rural, les gens s’expriment très peu dans leurs propres langues même lors des palabres.
‘’Je m’efforce à expliquer des cours en langue apinzi’’ confie Nestor Mbongo Missolo, le directeur de l’école du village près de Fougamou. Les Gabonais gagneraient à parler les langues maternelles pour mieux se comprendre. La langue peut permettre de participer au développement d’une nation, le cas du Gabon.