Que dira-t-il plus de 18 mois après sa sortie de prison ? Telle est la question qui taraude les esprits au Gabon après la publication, le lundi 19 mai 2014, par le bimensuel La Nation, d’une interview de l’épouse du général Jean Philippe Ntumpa Lebani, qui a passé trois ans en prison après son inculpation pour avoir fomenté un coup d’État. La dame revient sur la vie de son époux un an et demi après sa sortie de prison et ses démarches pour sa réhabilitation.
En annonçant au peuple gabonais que le général Jean Philippe Ntumpa Lebani, qui a passé trois ans en prison après son inculpation pour avoir fomenté un coup d’État, se porte bien, la son épouse s’inquiète tout de même des conditions de vie qui ont suivi la libération de l’ancien secrétaire général du Conseil national de sécurité, alors que certains confrères l’avait annoncé réhabilité et en stage. «Nous sa famille, nous sommes rapidement rendus compte qu’il s’agissait d’une liberté de façade (…) Je suis loin de dire que le général jouit de toutes ses libertés. Il vit plutôt en résidence surveillée», affirme-t-elle avant de soutenir que la famille vit plutôt «une situation indescriptible».
Pourtant on avait alors pensé qu’aussitôt remis en liberté le vendredi 19 octobre 2012, à la suite d’une grâce présidentielle, l’homme allait enfin entrer dans ses droits ou du moins être réhabilité, ce que les confrères de La Lowé avaient d’ailleurs annoncé il y a quelques semaines, la réaction de Mme Ntumpa est claire : «Le général Ntumpa n’a jamais été admis en stage et encore moins réhabilité». La Première dame du Gabon, Sylvia Bongo, avait été sollicitée en vue de bons office, mais «depuis lors rien n’a été fait. C’est le silence total du côté de la Sablière», indique l’épouse de l’ancien général de la Garde républicaine.
Face à cette situation qui commence à perdurer, Mme Ntumpa Lebani annonce que son mari «va bientôt parler» et qu’il «sera obligé de sortir de son silence». Une telle sortie viendrait en rajouter au malaise qui frappe le Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) dont Philibert Andzembé, un ressortissant de la même province que le président de la République et Ntumpa Lebani, vient de se démarquer.
Après trois ans et un mois d’incarcération, Jean Philippe Ntumpa Lebani a été remis en liberté, le 19 octobre 2012, soit onze mois avant son échéance finale. Il avait été condamné, pour atteinte à la sûreté de l’État, à sept ans de prison ferme, dont deux avec sursis. Incarcéré le 3 septembre 2009, Ntumpa Lebani, initialement accusé de «tentative d’atteinte à la sûreté de l’État» avec cinq coprévenus, a été jugé du 21 février au 11 mars 2011, pour «complot» pendant la transition qui a suivi la mort du président Omar Bongo Ondimba en juin 2009. Ce «complot», élaboré à l’insu de son bénéficiaire pressenti, aurait visé à placer Ali Bongo Ondimba au pouvoir.
Lors de son procès, Jean-Philippe Ntumpa Lebani a révélé que le président Omar Bongo avait choisi d’être remplacé à la tête de l’État par son fils Ali Bongo. Voyant que Rose Francine Rogombé, présidente de la République par intérim, pouvait fausser cette volonté et que les sondages commandés par le pouvoir n’étaient pas en faveur d’Ali Bongo, le général avait envisagé un scénario «à la togolaise», mais, ayant eu tout le mal du monde à rencontrer Ali Bongo, il en serait resté au stade de l’idée. Il a ensuite clamé son innocence lors d’une audience de plus de deux heures devant la Cour.
Âgé de 54 ans, Jean-Philippe Ntumpa Lébani est connu notamment pour avoir servi comme attaché de défense près l’ambassade du Gabon à Paris entre 2002 et 2006. Que pourra-t-il donc révéler, s’il venait prochainement à «parler», ainsi que vient de l’annoncer sa femme ?