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Éducation : La détermination des enseignants grévistes
Publié le jeudi 21 fevrier 2019  |  Gabon Review
Tchibanga
© Gabon News par DR
Tchibanga : Echange entre un diplomate et les élèves de Nazaire Boulingui
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En grève depuis le 7 janvier, les enseignants des promotions 2015 et 2016 de l’Institut national de la jeunesse et du sport (INJS), l’École nationale des instituteurs (ENI), l’École normale de l’enseignement supérieur (ENS) et l’École normale de l’enseignement technique (Enset), ont dressé un piquet de grève à la cathédrale Sainte-Marie de Libreville. Dans cette interview accordée à Gabonreview, le porte-parole du collectif des enseignants est catégorique : «Tant que notre situation n’est pas résolue, nous ne retournerons plus en classe».

Gabonreview : Quel est le motif de votre mouvement ?

Béranger Nyaré-Ango : Nous avons décidé de venir à Sainte-Marie pour observer un mouvement de grève parce que nous pensons avoir presque tout essayé pour qu’on résolve notre problème. Nous avons attiré, via des correspondances, l’attention des plus hautes autorités du pays au rang desquelles les ministres concernés et quelques ambassades, afin de solliciter leur intervention pour la régularisation de notre situation administrative et financière. Mais malheureusement, je puis vous assurer que jusqu’à hier (mardi 19 février 2019, Ndlr) à 24 heures, notre situation reste intacte. Rien n’a été fait.

Que réclamez-vous exactement ?

Nous rappelons que cela fait maintenant près de 4 ans pour les uns et près de trois ans pour les autres que nous remplissons les charges de l’État sans rémunération. En d’autres termes, nous travaillons jusqu’aujourd’hui sans rémunération, sans salaire. Nous n’avons que le présalaire qui est très insignifiant et qui, malheureusement, ne nous permet pas d’assurer les charges courantes. Il faut préciser que cette situation nous empêche d’être pris en compte par l’assurance maladie puisque pour être pris en charge, il faut avoir le matricule. Mais nous ne l’avons pas.

Avez-vous eu une oreille attentive à votre demande ?

Oui, nous avons reçu le ministre de l’Éducation nationale et son délégué, les membres de la Coalition pour la nouvelle République (CNR), les membres de la Convention nationale des syndicats du secteur de l’éducation (Conasysed). Mais comme je l’ai dit, la situation reste inchangée. J’ajoute même que nous avons écrit au président de l’Assemblée nationale, à la présidente du Sénat, au cabinet du président de la République, …mais rien !

Racontez-nous votre quotidien sur le parvi de Sainte-Marie

Nous passons nos journées ici à Sainte-Marie et bien évidemment nos nuits. Le matin, nous attendons nos collègues qui viennent faire vivre le piquet de grève. Nous dormons dans des conditions extrêmes, inhumaines. Nous dormons à même le sol, avec des moustiques. Voyez-vous mon corps ? Il y a des boutons dus aux piqures de moustiques, partout. Il faut signaler un fait très grave ici : nous avons une collègue qui est enceinte de 5 mois. Et elle dort aussi à même le sol et avec des moustiques. Vous pouvez imaginer ce qui pourrait arriver. Il y a aussi des enfants qui dorment ici avec nous. On n’a pas le choix. On n’arrive pas à payer nos bailleurs. Les enfants sont ici avec nous parce qu’on n’a vraiment pas d’autres choix. On a vraiment tout essayé. Pour manger ce sont de bonnes volontés, mais surtout nos collègues qui nous apportent de l’eau, du pain, etc. Nous n’avons pas demandé à devenir enseignants, l’État a organisé le concours, nous avons concouru et nous avons été reçus par cet État qui, malheureusement, ne nous considère pas. Aujourd’hui, on n’a pas de titre, de situation administrative. On n’est pas considéré comme des fonctionnaires. Imaginez-vous ce que cela fait lorsqu’on perd des collègues et que leurs familles sollicitent l’Etat, il leur est dit clairement que ces agents ne sont pas reconnus par l’État. On vit comme des esclaves, comme des prisonniers.

Qu’ont fait les responsables de Sainte-Marie pour vous ?

C’est pour nous le lieu de remercier l’Archevêque de Libreville qui, à notre arrivée, nous a donné un coin d’eau où on arrive à prendre une douche. Lorsqu’on est arrivé, il nous a dit qu’il était prêt à nous soutenir, mais malheureusement, il était sur le point de partir à l’étranger. Qu’à cela ne tienne, il nous a réaffirmé son soutien et que lorsqu’il sera de retour, il engagera des procédures visant à interpeller les autorités du pays en vue de la régularisation de notre situation.

Doit-on comprendre que vous avez définitivement abandonné vos postes de travail ?

Bien sûr, nous avons quitté nos postes de travail depuis le 7 janvier 2019. Nous rappelons que nous avions tenu une conférence de presse, le 3 janvier 2019 au cours de laquelle nous avons interpellé le gouvernement à prendre ses responsabilités au regard de l’immobilisme concernant nos situations administratives. Nos cris n’ont pas été entendus et c’est pourquoi nous avons décidé d’entrer en grève.

Jusqu’où ira cette grève ?

Nous irons jusqu’au bout. C’est-à-dire que tant que notre situation n’est pas résolue, nous ne retournerons plus en classe. Cette grève engagée depuis le 7 janvier est très suivie non seulement à Libreville, mais également à l’intérieur du pays. Nous sommes environ 1600. C’est nous qui tenons presque toutes les classes d’examen et elles sont désormais sans enseignants. Les parents pensent que le tout est d’envoyer les enfants à l’école, mais après ils ne vérifient pas leurs cahiers pour savoir s’ils font cours. Nous enseignons toutes les disciplines depuis le primaire jusqu’au supérieur.
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