Par l’arrêtée n°0001/MFEPC/CAB-M du 4 février 2019, le ministre des Forêts et de l’environnement, chargé du plan climat, a suspendu à titre conservatoire l’exportation de l’Iboga. Victime de sa popularité, la plante psychotrope est menacée de disparition.
Depuis le 4 février, l’exportation de la «Tabernanthe iboga», couramment appelée Iboga, est à tire conservatoire suspendue en République gabonaise. Cette décision prise par les autorités gabonaises vise à garantir la pérennité de cette espèce végétale très prisée. «En vue d’assurer une gestion durable et garantir sa pérennité, l’exportation de tout ou partie de l’Iboga, brut ou dérivé, est suspendue à titre conservatoire», stipule l’article 2 de l’arrêté n°0001/MFEPC/CAB-M du 4 février 2019, signé du ministre des Forêts et de l’environnement, Guy-Bertrand Mapangou.
Toutefois, «des autorisations spéciales d’exportations peuvent être accordées, à titre exceptionnel et après avis technique des services de la direction générale des Industries, du commerce, du bois et de la valorisation des produits forestiers, par le ministre en charge des forêts», précise l’arrêté. La suspension résulte de plusieurs années de travail et d’activisme menés par Yann Guignon, directeur associé de l’ONG environnementale Blessing of the forest. Un français spécialiste de la recherche sur l’Iboga et initié au Bwiti depuis plus d’une décennie.
Victime de sa popularité, notamment à l’étranger, l’Iboga, plante psychotrope, a été classé au Patrimoine culturel national (Gabon), lors du Conseil des ministres du 6 juillet 2000. Cette classification n’a pas suffi à taire des inquiétudes quant à son avenir si bien qu’en 2012, Yann Guignon, tirait la sonnette d’alarme dans un rapport remis à la Fondation Bongo Ondimba, dans lequel il signalait le trafic autour de la plante. Exportée à travers le monde et vendue en toute impunité, en témoignent l’absence de déclaration de douane ou de certification sanitaire, son commerce est devenu «ultra lucratif» sur un marché où la demande est accrue, compte tenue de l’attractivité de ses vertus médicinales.
«Le potentiel thérapeutique de l’Iboga a été démontré dans le traitement du diabète, de la maladie d’Alzheimer, et d’autres pathologies dégénératives. D’où la demande exponentielle des cliniques et autres laboratoires privés dans les pays occidentaux, entrainant de ce fait une raréfaction de la ressource», a indiqué le 30 janvier 2019, dans le projet d’arrêtée portant suspension à titre conservatoire l’exportation de l’Iboga, le Conseiller juridique du ministre des Forêts et l’environnement, Magaly Makombo-Nembe. Le 29 janvier 2019, Yann Guignon et le Conseiller juridique de son ONG ont été reçus en audience par Guy-Bertrand Mapangou et ont, une fois de plus, fait part de leurs inquiétudes quant à l’avenir de l’Iboga. A l’issue de l’audience, les différentes parties se sont mises d’accord sur la nécessité de «préserver cette espèce végétale et suspendre à titre conservatoire sa sortie du territoire.» Cette option «s’avère aujourd’hui une priorité». L’Iboga poussant dans le domaine public gabonais est désormais réservé à une utilisation locale et traditionnelle.